Les problèmes soulevés par le passage de Léon Degrelle

Ce mémoire étudie plus particulièrement L’Ordre nouveau dans sa diffusion francophone. Il est obligatoire d'exami­ner le passif l'émission dès avant son passage à la RTBF.

Avant le 29 mars 1984, conditionné par la presse, le public francophone n'est pas ignorant des problèmes consécutifs à l'émission déjà programmée par la BRT. Ils sont essentiellement liés au «cas Degrelle», aux émissions sur les militaires et sur le Roi Léopold, aux droits de réponses et aux prises de positions du monde politique.

Nous étudierons d'abord l'échec des précédentes tentatives d'interview de Léon Degrelle et les problèmes juridiques que peut soulever leur passage. Ensuite nous envisagerons ensuite la méthode d'interview de Maurice De Wilde et plus précisé­ment son attitude face au personnage. Enfin j'analyserai les diverses réactions du grand public, des associations patriot­iques (résistance, prisonniers et déportés), de Madame Spaak et des anciens rexistes (anonymes ou non).


Les précédentes tentatives

Jean-Michel Charlier[1] en 1976 et Jacques Cogniaux et Pierre Desaive en 1977-1978, ont tenté de diffuser (avant L’Ordre nouveau) une émission sur et avec Léon Degrelle.

Jean-Michel Charlier explique, dans la Préface de son livre[2], comment il est arrivé à réaliser une émission sur Léon Degrelle : « En 1975 au cours d'une conférence de presse, quelqu'un me demande soudain, à brûle-pourpoint : «n'avez-vous jamais pensé consacrer un dossier à Léon Degrelle, ma réponse fusa spontanément : «un dossier sur Degrelle ? Autant se brancher sur de la dynamite !» <...> une semaine plus tard je lisais avec stupeur sous la signature de ce reporter et dans l'hebdomadaire où il travaillait[3] que «je préparais un dossier noir sur Degrelle et que je détenais à son sujet des documents inédits qui étaient  de la dynamite» <...> Quinze jours plus tard une lettre m'arrivait d'Espagne. Elle était de Léon Degrelle <...> Je transmis la lettre de Léon Degrelle à la direction de FR3 et proposai d'explorer le sujet <...> à ma vive surprise, je reçus l'accord total, non seulement de la chaîne, mais des coproducteurs qui participaient au financem­ent de la série. <...> Le 14 juin 1976 je débar­quai à Madrid <...> huit jours durant, je l'écoutai et le questionnai sans relâche attentif à ne jamais céder à son prodigieux magnétisme personnel <...> Rentré à Paris, je fis part aux responsables de la chaîne de ma visite à Madrid. L'intérêt documentaire et historique de l'émission leur paru tel qu'ils me confirmèrent leur intention de la réaliser. Il fut même décidé que le programme consacré à Léon Degrelle comporterait deux volets. L'un couvrant ses activités politiques en Belgique avant-guerre comme chef de Rex. Le second, son aventure politique et militaire de 1940 à aujourd'hui <...> En octobre 1976, J'entam­ai le tournage de mes deux émissions <...> J'enregistrai ainsi 72 boîtes de 120 mètres de pellicule, douze heures de film et près de 20 heures de bandes-son <...> Le montage me prit cinq mois. De tout ce matériel je gardai deux heures et demie d'émission ».[4]

Mais sa diffusion sera ajournée[5]. Cela n'a pas empêché Jean-Michel Charlier d'exploiter son émission par les innombrables  projections privées qu'il [lui] fallut organiser pour satisfaire tout ceux qu'intéressait [son] «autoportrait d'un fasciste»[6], par les ventes de ses émissions en Hollande et au Québec où elles furent projetées à la télévision[7] et par la publication d'un livre qui serait, selon Alain Dantoing plus correctement intitulé «mémoire du Baron de Crac».[8]

En fait, Jean Michel Charlier devient l'apologiste de Léon Degrelle. Il le défend en l'encensant[9] et en discréditant ses adversaires[10]. Bien sûr, il considère son émission « comme étant  impartiale et d'une totale objectivité».[11] Par contre il critique, sans le nommer, Maurice De Wilde et sa méthode : « de nombreuses télévisions - la BRT notamment- se précipitèrent sur mes traces chez Léon Degrelle pour lui arracher des interviews. Contrairement à mes films où seuls avaient voix au chapitre, à égalité, le principal protagoniste et ses adversai­res, ces autres émissions, malgré les promesses faites à Degrelle, furent assorties de commentaires venimeux qui les transformèrent en véritables actes d'accusation totalement dépourvus d'impartialité ».[12]

 Si l'on excepte l'originalité des débats, L’Ordre nouveau à la RTBF, n'est qu'une rediffusion de la série de la BRT. Mais la chaîne envisageait depuis longtemps de produire une émission sur la Belgique durant l'occupation. Dans  cette perspective, le réalisateur Jacques Cogniaux avait enregistré l'interview, par Pierre Desaive, de Léon Degrelle en Espagne[13]. Mais en 1979 le Conseil d'administration de la RTBF, soucieux de respecter certaines sensibilités, a préféré « surseoir à la diffusion de cette émission qui n'était pas accompagnée d'un cadre historique qui en aurait relativisé l'impact »[14]. Cette justification n'est pas entièrement exacte, si le premier argument est probablement juste, l'émiss­ion était bien accompagnée d'un cadre historique solide. Selon Pierre Desaive l'interview de Degrelle était contrebalancée par des interventions de deux historiens, Albert Dejonghe du Centre d'étude de la Seconde guerre mondiale et Francis Balace, professeur à l'Université de Liège et par de nombreux documents d'épo­que.[15]

Alors pourquoi a-t-on décidé de ne pas diffuser l'émission ?[16] 

1) Selon William Ugeux « Le problème se posait, en effet, en terme de simple déontologie : convenait-il d'accorder de longs quarts d'heure d'émission à un personnage auquel tout accès à la presse était judiciairement interdit ».[17] Mais la RTBF avait consulté des juristes qui « avaient estimé que [l'] émission pouvait passer à la télévision »[18].

2) Toujours selon William Ugeux, les pressions des milieux patriotiques avaient amenés la RTBF à renoncer à son projet.[19] Mais selon Pierre Desaive elles n'ont pas pu influen­cer le conseil d'administration car « cette émission avait reçu l'aval des organisations de résistance ».[20] En effet, le jeudi 2 août 1979, la RTBF organise  une séance de projection de trois heures, en présence notamment de Luc Somerhau­sen[21] et de Paul M.G. Lévy[22] représentant le Mémorial National du Fort de Breendonk.

3) Un article paru dans Pan[23] consacré aux projets d'émissions de la RTBF sur La Collaboration, et plus particulièrement sur l'intention de Jacques Cogniaux de réaliser l'interview de Léon Degrelle, a pu embarrasser l'équipe et son conseil d'administration : « Un journaliste et un réalisateur de la RTB  <...> ont conçu un ambitieux projet : présenter à la TV le dossier de La Collaboration pendant la deuxième guerre mondiale sous ses différents aspects<..>. Après avoir obtenu le nihil obstat de Monsieur Wang[24], ils ont notam­ment pris contact avec l'Obersturmführer Degrelle. Cela ne date pas d'hier. C'est en effet au mois de juin dernier que Desaive et Cogniaux ont rencontré pour la première fois celui dont Hitler aurait tant voulu être le père <...> prudent, Degrelle s'est fait confirmer cette demande par écrit et a posé comme condition préalable, qu'il n'y aurait pas d'interpolation dans la séquence qui lui serait consacrée <...> La lettre de confirmation a été effectivement envoyée à Degrelle le 20 juin dernier <...> Pierre Desaive et Jacques Cogniaux abordent le problème sans préjugés.<...> Ils ne se font guère d'illusions sur les obstacles qu'ils rencontreront immanquablement sur leur route. Il ne manque pas d'associations patrio­tiques pour les accuser à priori de faire l'apologie de l'incivisme  <...>.Ils s'en moquent : nos émissions disent-il, devraient être prêtes le en 1978. Si on les interdit tant pis! Nos films et bandes magnétiques seront rangés dans les boîtes métalliques, bien à l'a­bri »[25]. Jacques Cogniaux nie une grande partie de cet article en affirmant : « En résumé une lettre personnelle à Léon Degrelle a été communiquée sans notre consentement à Pan qui s'en est servi comme point de départ pour un écho «extrapolé». Elle représente d'ailleurs la seule partie authenti­que de cet écho. Son auteur aurait voulu rendre notre projet plus difficile encore à réaliser, il n'aurait pas agi autre­ment ».[26]

4) La peur du pouvoir de persuasion d'un Léon Degrelle charismatique a pu entraîner la suppression des émissions, bien que Jacques Cogniaux assure que, dans le but de tester les réactions du public : « nous les avons soumises aux étudiants en histoire de première et de seconde licence <...> Ils n'ont pas été choqués. Comment auraient ils pu l'être. Léon Degrelle lui-même détruisait son personnage»[27]. Par contre le senti­ment de certains de ceux qui l'ont vue est que «malgré la qualité des arguments développés par ses adversaires, le chef de Rex y tient une place excessive»[28].  Maurice De Wilde par exemple qui a pu regarder l'émission est du même avis : « C'est pas une interview ça, c'est un monologue! »[29].

5) Enfin l'aspect juridique de l'affaire à certainement influencé le Conseil d'administration. D'abord le 26 mai 1977, après lecture de l'avis du service juridique de la RTB , A. Massinger [30] transmet une lettre à  Robert Wangermée où il conclu­t­, ­­­­­­­­­­­­­que « du vivant de Léon Degrelle, la RTB « ne pourrait pas diffuser une interview de ce dernier sans tomber­ sous le coup d'une disposition légale <...> il me paraît nécessaire de confirmer les disposit­ion envisagées à ce propos : nous enregistrons  si possible les déclarations de l'intéressé mais nous renonçons à leur diffusion du vivant de l'intéressé »[31]. Robert Wangermée va demander un avis supplémentaire à un avocat indépendant[32], sur la « licéité de la diffusion par la RTB  d'un interview de Léon Degrelle réalisé par des journal­istes de la RTB  dans le cadre d'émission à caractère historique portant sur La Collaboration en Belgique en Belgique «avant, durant et après la guerre 1940-1944» ». L'avocat conclura que le problème de la diffusion de l'interview de Degrelle paraît justifier d'avantage d'une appréciation journalistique : «sa diffusion est-elle d'un intérêt essentie­l ?» et politique «le public doit il recevoir de telles informa­tions» plutôt que d'une appréciation juridique.[33] Néanmoins, ­après avoir décortiqué cet avis, le service juridique de la RTB,  restera sur ces positions et conseil­lera la prudence.[34] Face à la probable succession d'ennuis, à la demande de Robert Wangermée  « une vision a eu lieu[35] en présence du conseil d'administration de la RTBF ». Celui-ci a rendu un avis nettement défavorable, qui revient à interdire la diffusion de la série.[36] Mais la programmation de L’Ordre nouveau alors que la RTBF possédait une émission sur ce thème à certainement créé des tensions au sein de l'institution. Si Jacques Cogniaux affirme qu'à l'époque « j'ai râlé[37] mais maintenant c'est du passé. J'ai donc travaillé avec Maurice De Wilde pour adapter ses émissions en français », Pierre Desaive est plus amers : « L'émission a été mise aux oubliettes. Je m'étonne donc qu'aujourd'hui, on programme la série «Ordre nouveau», réalisée par la BRT alors que la RTBF possède sa propre émission sur le sujet. De toute façon je ne  com­prends toujours pas pourquoi on n'a pas programmé notre série ».


Les problèmes juridiques soulevés par le passage de Léon Degrelle à la télévision

En droit, « peut-on <...> faire paraître à l'antenne des personnages frappés de déchéance totale (article 125 sexies[38] pour être précis) parce qu'ils ont été condamnés à mort pour incivisme ? »[39]. C'est la question posée par Nord-Eclair quelques jours avant la diffusion de L’Ordre nouveau à la RTBF.  Cette question est pertinente puisque selon Adriaan Verhulst les autorités judiciaires « ont attiré notre attention sur les suites éventuelles au point de vue pénal. Là nous avions pris nos précautions, nous avons eu l'avis d'éminents juristes »[40]. Alors comme la RTBF en 1977, « tijdens haar vergaderingen dd. 26 januari 1981 en 9 februari 1981 besloot de vaste commissie het advies van de professoren Rimanque[41] en Butzler[42] in te winnen omtrent de vraag of het interview dat Maurice De Wilde met Léon Degrelle gemaakt heeft al dan niet kon worden uitgezonden zonder daarbij inbreuk te plegen op artikel 123 sexies § 1 8  van het strafwetboek »[43].           

Léon Degrelle a été condamné par défaut par le Conseil de guerre de Bruxelles, le 27 décembre 1944, à la peine de mort pour infraction contre la sûreté extérieure de l'Etat. Il est déchu de la nationalité belge depuis le 31 juillet 1945. En vertu de l'article 91 du Code pénal[44]. Cette peine criminelle serait normalement prescrite après 20 ans. Mais la Loi du 3 décembre 1964[45] prolonge de 10 ans la durée de la prescription  des peines de mort prononcées en vertu de cet article. Donc, la peine à laquelle Degrelle a été condamné est prescrite depuis le 27 décembre 1974. S'il demeure déchu de la nationalité belge[46], il pouvait donc rentrer en Belgique dès le 28 décembre 1974. Pour éviter cet hypothétique retour, le ministre A. Vanderpoorten à pris, le 10 juillet 1974, un arrêté ministériel entré en vigueur le 27 décembre 1974 à zéro heure, en vertu duquel l'entrée du territoire est interdite à Degrelle.[47]

Nous allons examiner les avis rendus par les deux professeurs sur l'éventuelle légalité de la diffusion d’une interview de Léon Degrelle. Seul l'article 123 sexies (§ 18) du Code pénal semble incriminé « het uitzenden  van een interview met Degrelle niet zonder meer verbied »[48]. Selon cet article : « Par dérogation aux articles 31 et 32, les jugements ou arrêts de condamnation à la peine de mort [comme pour Degrelle] aux travaux forcés ou à la détention perpétuelle ou extraordinaire pour infraction<...> prévue au chapitre II du titre Ier du livre II[49] du Code pénal, commise en temps de guerre, ne prononce­ront pas à charge du condamné l'interdiction des droits qui y sont visés[50] mais entraînent de plein droit la déchéance à perpé­tuité <...> du droit de participer à l'exploitati­on, ou à l'administration ou d'une manière quelconque à l'activité de toute entreprise ayant pour objet les spectacles de théâtre, la cinématogra­phie ou la radiodiffusion dans les cas ou cette participation a un caractère politique ».[51] Pour les deux professeurs et pour Roger Lallemand, la déchéance fixée par cette article est une mesure de sûreté publique prise par le gouvernement belge en exil à Londres pour « assainir la vie publique, sauvegarder le patrimoine spirituel de la nation dans toutes les activités de la vie nationale dans laquelle l'action ou l'influence des individus pourrait renouveler le danger »[52]  et non pas pour jeter un tabou à la face de Léon Degrelle ou du rexisme.[53] Pour le problème de la diffusion de l'interview de Léon Degrelle à la télévision, les deux professeurs sont d'avis que « er slechts sprake kan zijn van een overtreding van de strafwetten op voorwaarde : - dat het uitzenden van neb interview met Degrelle moet worden beschouwd als een deelnemen van Degrelle op enigerlei wijze aan de werkzaamheden van een radio-omroep. - dat, indien de eerste voorwaarde vervuld zou zijn,die deelname een politiek karakter zou hebben ».[54]


Degrelle participe-t-il aux activités de la BRT ?

En 1977 déjà, Roger Lallemand définit ce qu'est la participation à l'activité de la radio-télévision, en donnant ce que les juristes de la BRT appelleront quelques années plus tard «l’interprétation restrictive de la Loi : Les paragraphes 6 et 8 de l'article 123 sexies vise les actes qui sont accomplis professionnellement par les journalistes, les techniciens, fonctionnaires de la radio. L'incivique déchu ne peut en effet plus être journaliste <...> il ne peut d'avantage écrire un article, rédiger une chronique, un scénario, enregistrer une émission, la produire <...> Mais la participation à un interview est-elle une participation à l'activité de la radio-télévision? <...> Sans doute envisagé sous l'angle matériel, l'interview fait partie du matériel sonore et usuel utilisé par la radio-télévision. Envisagé sous l'angle formel, tant au regard de la qualité de l'interviewé que de sa situation dans le circuit de l'information, la réponse donnée par tout tiers, homme politique, artiste ou savant, aux questions des journa­lis­tes ne peut être considérée comme un acte d'un agent de la radio ».[55] Alors si comme le professeur Butzler, il tient compte de cette interprétation restrictive : « het louter verschijnen van Degrelle op het TV-scherm niet verboden is ». Par contre, le professeur Rimanque est plus nuancé. La diffusion d'une interview de Degrelle peut former une infraction à la loi pénale si « dat interview in feite zou neerkomen op het verlenen van een soort van «vrije tribune» aan Degrelle ».[56]  Par contre  « indien Degrelle evenwel «op de rooster wordt gelegd» en tot het geven van duidelijke antwoor­den wordt gedwongen is professor Rimanque van oordel dat die wijze van optreden niet in strijd is met de strafwet ».[57] C'est sans doute pourquoi la direction de la BRT a décidé de diffuser   l'interview très critique de Degrelle par Maurice De Wilde.[58] L'inte­rview de Léon Degrelle par Maurice De Wilde est sans nul doute le plus réussi et le moins critiquable de la série. Se méfiant du personnage, Maurice De Wilde à longtemps préparé l'inter­view : « J'ai étudié ce qu'on avait sur le rexisme,j' l'ai fait également sur la «légion Wallonie», j'avais déjà inter­viewé l'aumônier pendant quatre jours, après je suis allé chez Degrelle, j'avais pris avec moi douze kilos de documents et ce n'était pas superflu». Plus que la préparation, son attitude face à Degrelle et surtout le type de questions posées ont permis de mettre Léon Degrelle sur le grill et donc de pouvoir diffuser sans risque son interview : «L'interview a été assez critique parce que je n'avais pas de questions générales. J'avais toujours des questions très très  précises basées sur l'étude de documents et sur les interviews que j'avais déjà faites avant, de plusieurs types de la légion Wallonie, notamment l'aumônier».


L'interview est-elle une tribune politique offerte à Degrelle?

Les deux professeurs auront la même conclusion très claire: «in casu het interview kadert in een historisch-wetenschappelijke benadering van het historisch feit van de collaboratie en dat dergelijke interview niet zijn verboden m.a.w. geen politiek  karakter hebben ».[59]  A la lecture de ces rapports, le conseil d'administration de la BRT, comme de la RTBF décideront de diffuser l'interview de Léon Degrelle. Les avocats eurent raison, le procès ne vint pas du fait des  émissions sur Degrelle, mais bien suite à celles mettant en cause les prisonniers de guerre du stalag 1A.

Il n'est pas, selon Maurice De Wilde, très difficile d'approcher Léon Degrelle : « il a encore beaucoup de disciples en Belgique <...> vous trouvez le bras droit qui vit ici tout près, il vous arrange un interview»[60]. Il a d'abord contacté par téléphone le secrétaire de Léon Degrelle ... Van Leeuw[61] puis en deuxième lieu, il y a eu le « contact-man » Jean Vermeire[62] qui a assisté à l'interview. Mais avant d'accepter définitivement l'interview, Léon Degrelle a eu un entretien préalable avec Maurice De Wilde : « J'ai été reçu, pas chez lui, mais dans un hôtel <...> il était là en nous attendant et il avait un rapport écrit en vue de l'entretien, j'ai constaté qu'il était bien renseigné parce que c'était un rapport sur mes activités et ma vie dans le passé <...> j'ai senti qu'il voulait me voir d'abord avant de décider, on a parlé pendant quelques heures, il a accepté ».[63]  L'interview a lieu les 8 et 9 novembre 1980, de 9 heures du matin à très très tard dans la nuit.[64]

Léon Degrelle était préoccupé pour la diffusion de son interview en Belgique, il va par exemple minimiser les inci­dents troublant le cours de l'interview : « Il y a eu trois incidents pendant l’interview, assez, assez graves. Mais étant donné qu'il avait accepté ...eh, ce que je lui avait dit dès le début : ce seront des questions très critiques .C'est le seul moyen de vous faire passer en Belgique .Eh! bien il a accepté, et quand il y a eu des incidents : c’était des inci­dents qui n'étaient pas provoqués par lui mais par son entou­rage. Et lui, il est intervenu pour que ces gens se taisent, pour que l'interview puisse se faire ». [65] Il ne « fallait surtout pas que l'interview soit interrompue, il voulait que l'inter­view se fasse, il était conscient du fait qu'étant donné que les émissions de la RTBF n'avaient jamais vu l'anten­ne, il a senti que c'était sa dernière chance d'encore passer en Belgique ».[66] Evidement Léon Degrelle à suivi les émissions[67], Maurice De Wilde a d'ailleurs fait la connaissance à ce moment là « d'un wallon qu'on peut considérer comme un courrier, <...> et je sais que c'est lui qui apportait par trois casset­tes, parce que tout était enregistré. Degrelle n'appréciera pas l'utili­sation de son interview: J'ai entendu dire par Jean Vermeire qu'il n'était pas content », d'ailleurs il écrira à la RTBF  une lettre de protestation bien dans le style du personnage  pour exiger un «droit de réponse» : « J'ai été mis en cause personnellement <...> au long des émissions de la «Radio Télévision Belge de langue française» consacré à «L’Ordre nouveau». En outre au cours des débats qui ont fait suite et que votre chaîne diffusait, j'ai été l'objet d'outrage des genres les plus divers, agrémentés de contrevérités caracté­risées. La loi prévoit -et la morale la plus élémentaire aussi que la victime d'agression de presse ou de télévision puisse répondre à ses accusateurs ou insulteurs en recourant aux mêmes moyens de diffusion. Cela étant, je désirerais savoir quand et comment je vais être mis à même d'exercer  devant les caméras de la RTBF ce droit élémen­taire de réplique <...> dans tout procès l'accusé a la parole en dernier. Lors de vos émissions sur «L’Ordre nouveau» il s'est passé tout le contraire. A peine quelque bribes de mes propos avaient-elles été diffusées qu'aussitôt après on me sautait dessus, non seulement au cours de l'émission des films mais d'avantage encore au long des dé-   bats postérieurs,<...> Dans un vrai débat, les parties en cause disposent des facilités égales pour s'expliquer. Ici seule la partie qui m'était adverse a joui de ce privilège. Afin de rétablir l'équilibre de ce débat, défendre mon action <...> je réclame de la RTBF qu'elle mette à ma disposition un temps convenable de droit réponse. <...> Je suis à votre disposition pour la réaliser, soit dans vos studio de Bruxel­les, soit à mon domicile d'exil. <...>Je ne demande rien d'autre que le respect de la vérité et des droits de tout insulté de défendre son honneur, ainsi qu'une honnête réparti­tion des chances dans un débat. C'est au public et non à vous qu'il revient de ju­ger ».[68]


La méthode et l'attitude de Maurice De Wilde face à Léon Degrelle

La presse va apprécier la méthode d'interview et l'atti­tude  de Maurice De Wilde face à Léon Degrelle.[69]

 Elle considère que Maurice De Wilde « n'a pas fait une émission sur Degrelle, mais qu'il a interrogé Degrelle sans lui laisser complaisamment développer ses arguments et ses menson­ges. Il l'a placé devant ses erreurs, ses trous de mémoire et ses contrevérités »[70] ou « qu'il a interviewé Degrelle sans complaisance n'hésitant pas à couper l'inter­view de mises au point bien venue ».[71] Certains sont plus imagés et comme le chroniqueur Hervé dans Vers l’avenir qui comparent Maurice De Wilde à un commissaire : « C'est une enquête policière menée de main de maître par un commis­saire appelé De Wilde. Le journali­ste est redoutable et il doit être terrible de tomber entre ses mains si on n'a pas la conscience tout à fait tranquille. Certaines séquences seraient à revoir image par image, réplique par réplique. C'est un passionnant jeu du chat et de la souris »[72] ou plus fort encore, il le compare sans rire à un torero : « le journaliste de la BRT connaît admirablement son dossier et ne laisse passer aucun écart de langage. Mais Degrelle lui non plus ne se laisse pas facile­ment démonter. En­tre eux c'est une espèce de lutte à mort, une corrida, une corrida pareille à celles que Degrelle doit fréquenter dans sa retraite espagnole ».­[73]

Mais toute la presse ne le loue pas sans critique. On lui reproche de ne contredire Degrelle que lorsque cela lui convient : « Guido Van Damme affirme qu'à chaque mensonge de Léon Degrelle, De Wilde «lui fait rendre gorge». Ce ne fut en tout cas pas lorsque Degrelle parlait de la cagnotte de la Banque nationale <...> Maurice De Wilde n'a pas cru devoir s'informer ou en tout cas devoir rectifier. L'honneur de banquiers ça ne se défend pas »[74] ou même d'avoir plus de complaisance avec l'un ou l'autre collaborateur qu'avec Degrelle : « le comportement de l'intervieweur à l'égard des deux ou trois personnes ici mentionnées est très différent . L'interview de Léon Degrelle est dure, sévère, impitoyable, avec des recti­fica­tions immédia­tes ou même avec des rectifications dans le dialogue avec l'ancien chef rexiste, tandis que les entretiens avec Robert Poulet et le major Hellebaut sont marqués d'infin­iment plus de complaisance. On leur offre en fait l'occasion de s'expliquer ».[75]

On peut aussi reprocher à Maurice De Wilde de ne pas utiliser ses interviews à bon escient et cela tient sans doute à la volonté du journaliste de créer l'événement[76]. Il prend comme témoins de gens qui par leur situation sociale, géograph­ique et politique, ne sont pas bien placés pour parler de tel ou tel sujet. Comme l'affirme Jean Vanwelkenhuysen dans une interview accordée à La Libre Belgique, « donner la parole à Léon Degrelle quand il s'agit de faits auxquels le chef de Rex a été mêlé relève d'une démarche probe. Mais en faire le censeur des pérégrinations du gouvernement belge en France devient de l'indécence »[77]. William Ugeux conteste aussi l'utilisation des interviews de Léon Degrelle mais il se place uniquement au niveau politique : « que ces personnages aient été invités à donner leur avis sur toute une série d'évènements qui se sont déroulés au moment ou eux-mêmes s'étaient mis en dehors de la communauté nationale, est critiquable »[78i].

Antoinette Spaak défend la même idée mais a réussi à imposer un droit de réponse : « La BRT a pris la responsabilité de diffuser les propos de Léon Degrel­le, individu condamné à mort <...> [elle] proteste avec indignation contre le témoignage d'un individu coupable de tant de forfaits et animé d'une haine méprisable ».[79] Or, ce n'est pas parce que Degrelle est condamné à mort qu'il est mauvais témoin comme l'explique, après ce droit de réponse, le professeur Jean Stengers : « Je ne puis pas en tant qu'histor­ien partager son [Mme Spaak] avis, en effet un condamné à mort peut-être éventuellement un bon observateur et un témoin véridique. De même qu'en sens inverse un prix de vertu peut-être un témoin exécrable. Ce qui me choque <...> ce qu'il faut répéter avec force : les capaci­tés de mensonge de Degrelle sont sans limites et un de ses procédés favoris c'est de faire parler les morts, il fait parler De Man à propos de Paul-Henri Spaak, il fait parler Laval à propos des ministres belges, alors qu'est-ce que ça vaut, et bien à mon avis ça vaut zéro» ».[80]  Mais les lettres des téléspectateurs, malgré les explications de Jean Stengers, sont en fait d'accord avec William Ugeux et Antoinette Spaak. Par exemple « Il est heurtant de voir apparaître à chaque émission Léon Degrel­le, c'est un hâbleur et un traître. Il se prend pour le centre du monde et n'hésite pas à affirmer les plus brillantes contrevérités. La seule chose qu'on ne dit pas  à son sujet c'est qu'il a pactisé avec l'ennemi et qu'il était honni par la grande majorité du peuple Belge. Il a échappé à la justice et n'a droit qu'au silence ».[81]


Le public francophone et Léon Degrelle

Plus que l'interview par Maurice De Wilde, c'est le personnage lui-même qui choque et qui fait l'unanimité contre lui : « Le beau Léon à fait sur antenne une rentré tonitruante, ce qui ne veut pas dire triomphale. Il aura certes fait rire les uns et fait grincer les dents aux autres,  le phénomène n'est pas nouveau chez lui, et il faut reconnaître que malgré les années, le bonhomme n'a rien perdu de sa verdeur et de son éloquence, ni non plus de son sens du verbe qui frise la mythomanie ».[82]

D'autres sont encore plus sévères, Le Soir reprend le qualificatif de pitre qui lui fut donné au cours du premier débat par le docteur Goldstein[83]. La Libre Belgique le présente comme « vieilli, le visage bouffi, des cernes sous les yeux, haineux, grotesque, pontifiant, vociférant, ressassant des obsessions, pataugeant dans de vieux souvenirs, qui pourrait-il séduire encore ? Avec lui ce serait plutôt Degrelle reconnais pas ».[84] Mais, seul Nord-Eclair, ne s'arrête pas aux aspects extérieurs et commente le fond de cet interview : « La caméra n'a montré qu'un pauvre pantin désarticulé, incapable de susciter la moindre nostalgie <...> nous pensons que les germes du nazisme ne sont pas forcément détruits . Mais, pour se développer, ils ont besoin d'un terreau plus riche que l'image, définitivement brisée des grands chefs fascistes ».[85]

Yannis Thanassekos d'un avis complètement opposé  est sans doute plus près de la vérité : « On voit parfaitement que Degrelle n'est pas seulement l'acteur et le témoin lointain de certains événements dramatiques du passé, il est aussi et avant tout l'homme du présent : un militant actif et énergique du mouvement néo-fasciste international actuel. Sa résidence espagnole est un lieu de pèlerinage pour toutes sortes de nostalgiques de L’Ordre nouveau. Les livres de Degrelle circulent librement en Belgique et ailleurs. Ils sont amplement diffusés et commentés par ses partisans et ses exégètes ».[86]

Si, comme nous le verrons plus tard, les émissions sur le Roi Léopold et sur l'armée ont suscité un abondant courrier et une vaste polémique dans la presse. Je peux aller jusqu'à dire que, si ces émissions sont l'affaire de gens concernés, Degrelle est l'affaire de tous. C'est l'intervention de Léon Degrelle par l'«effet de premiè­re»[87], qui a sans doute pas­sion­né le plus le public francopho­ne. La RTBF n'est pas étrangère à ce phénomène même si la presse l'a amplifié : « il faudrait peut-être mettre la façon dont nous avons lancé les émissions dans le coup parce que au fond, nous avons parlé de la série qui allait passer sur nos antennes, la presse, nous-même, mais aussi la presse a fort insisté sur la participation de Degrelle mais c'est le seul qui ait rencontré une telle levée de bouclier ».[88] 


La presse

La presse va se saisir de l'affaire Degrelle : sur près de 500 articles consacrés à L’Ordre nouveau sous tous ses aspects, environs une centaine d'entre eux parlent de lui (et, il est, le plus souvent, le principal sujet de l'article). Mais, paradoxalement si une vague de protestation précède l'émission avec Léon Degrelle, au lendemain de la diffusion de son interview la presse considère qu'il était utile de l'entendre dans la mesure « où son intervention se faisait dans un cadre critique »[89] ou que « Degrelle <...> a sombré dans le ridicule »[90] ou bien encore « Etait-il dangereux de laisser Léon Degrelle s'exprimer sur les ondes ? La caméra n'a montré qu'un pantin désarticulé, incapable de susciter la moindre nostalgie ».[91] Et cela a même étonné les responsables de l'émission : « A l'expérience il semble que le public ait beaucoup plus facilement admis Degrelle que beaucoup de gens ne le pensait ».[92] Ce qui est assez frappant, c'est qu'après que Degrelle soit passé à l'antenne il n'y a plus aucune protestation, même, on apprécie, au contraire, « qu'il ait, en un certain sens, été ridiculisé ».[93]

En effet, avant la diffusion de l'interview de Léon Degrelle, les journaux titrent : « Degrelle, la BRT et le professeur Devleeshouwer »[94], « Léon Degrelle interviewé. Controverse à propos d'une série d'émissions à la TV flamande »[95], « Un émission fleuve qui risque de faire choc à la BRT. L’Ordre nouveau en Belgique dans et après la Seconde guerre. Degrelle interviewé»[96], « Un sujet brûlant »[97], « Quarante ans d'exil et une condamnation à mort n'ont pas entamé la verve et les convictions de Léon Degrelle »[98], « L'opinion des Prisonniers de guerre : «L'apparition de Degrelle à la télévision est un scandale» »[99]. Par contre le ton des titres est tout à fait différent après la première émission : « Degrelle-reconnais-pas »[100], « Degrelle pour rire ou pour pleurer »[101i], « Les jeunes jugent Degrelle »[102], « Les mensonges de Degrelle »[103].  On est donc passé de l'appréhen­sion de l'impact qu'il aurait pu avoir sur le public[104] à une critique plus raisonnée qui replace Léon Degrelle à sa juste réalité : « On peut dire sans exagération que cet interview aurait déjà fait couler des quantités d'encre appréciables avant même que le moindre élément n'en soit connu <...> après vision du document, il semble que les craintes nourries à juste titre un peu partout aient été vaines. Il est évident que la série de Maurice De Wilde ne manifeste pas la moindre complaisance à l'égard du fascisme ».[105]


Le grand public

Hors du cadre faussé et restrictif des journaux, il est d'autant plus difficile de savoir ce qui intéresse le public chez Degrelle, que sur les 20 lettres parlant de Degrelle retrouvées à la BRT et au CREHSGM[106], 14 émanent de rexistes ou de sympathisant.

D'abord certaines personnes envoient à l'équipe des témoignages sur l'enfance de Degrelle ou la vie à  Bouillon pendant la guerre[107]. Mais les questions posées dans les lettres et au débat final sont révélatrices de l'intérêt du public : « est-ce que Degrelle est facilement approch­able en Espagne ?[108] Quels sont ses moyens de subsistance ?, est-ce que Degrelle a du sang sur les mains?[109]109]109]109]­, la Belgique a t'elle essayé de le faire extrader? » Une téléspectatrice qui téléphone à la RTBF précisera par une question-accusation qui reflète comment est perçue la «légende Degrelle» dans le public : « Degrelle a voulu plusieurs fois se présenter pour comparaître à la justice Belge, qui l'en a empêché ? , Si officiellement il a quitté la scène politique,  quelle rôle a t’il pu jouer en sous-main ?, Enfin, une lettre anonyme qui est plus une accusation qu'une question : Le parti catholique à t'il expulsé Léon Degrelle pour cause de déviation doctrinale ou pour cause de mauvaise conduite ».[110]  Bref, le public est surtout intéressé par le personnage qui semble le fasciner (comment vit-il aujourd'hui?), tandis que l'histoire (de Léon Degrelle et du rexisme) est pour lui moins importante.


Les protestations

Il s'agit ici de la protestation contre la diffusion de l'interview de Léon Degrelle de la part d'associations, ou d'individus parlant au nom de ces associations.

Maurice Goldstein[111] pour le Comité international d'Ausch­witz estime « qu'il ne fallait pas laisser notre «bien aimé führer» belge continue ses pantalonnades qu'il reproduit dans la presse parce que nous savons très bien que le public est parfois naïf, qu'il est parfois crédule alors notre premier réflexe a été non, nous n'aimons pas, nous ne souhaitons pas voir Degrelle ». Mais son opinion a changé après les émissions : « Je pense déjà aux émissions qui sont passées à la BRT <...> [elles] contenaient des informations qui permettaient au public actuel de voir dégonfler la baudruche politique que monsieur Degrelle croit être encore ».[112i]

Yannis Thanassekos[113] dans le Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz[114] va lui aussi analyser et critiquer le passage de Léon Degrelle. Il est plus intéressé par les implications politiques que par sa valeur historique : « L'his­toire de la Belgique, comme toute histoire particulière, connaît, elle aussi, ses questions récurrentes : la plus remarquable, la plus persistante -et la plus paradoxale aussi- se trouve être celle que l'ainsi dite «affaire Degrelle <...> Pour expliquer cette récurrence, mieux vaut, nous semble-t-il, se retourner vers la conjoncture idéologique et politique actuelle qui l'alimente. Sous ce rapport, les émissions de De Wilde -qui ont donné à ce débat l'amplification que l'on sait sont extrêmement significatives. Après avoir réfuté les arguments d'ordre juridiques, politiques et moraux avancés par M. Vandenbusse pour rassurer les «protestataires» »[115] Il reprendra les idées qu'il nous dit avoir déjà développées dans sa correspondance avec la BRT en 1981 Témoignage historique et fascisme actif : « Sous ce rapport, on sait parfaitement que Degrelle n'est pas seulement l'acteur et le témoin lointain de certains événements dramatiques du passé. Il est aussi et avant tout l'homme du présent : un militant actif et énergique du mouvement néo-fasciste international actue Léon Degrelle en tant que «témoin historique» : qui pourrait prétendre, sérieusement, que les «réflexions» et les «témoignages» de Léon Degrelle, faits pour la télévision et diffusé par elle, étaient vraiment indispensables pour expli­quer  et faire comprendre des phénomènes tels que le mouvement rexiste, L’Ordre nouveau, la Seconde guerre mondiale, l'occupa­tion et La Collaboration. <...> on a cru pouvoir séparer le domaine de l'histoire dite objective et scientifique de celui de la politique, Léon Degrelle s'est empressé d'en démontrer l'impossibilité radicale : son discours fut entièrement politique. On a vite oublié que Degrelle n'est ni un historien ni un simple témoin oculaire des événements incriminés, mais précisément l'artisan actif de L’Ordre nouveau, le chef du mouvement rexiste et un des leaders de La Collaboration active ». Ici encore Yannis Thanassekos met l'accent sur l'aspect politique de Léon Degrelle sans relever ce pourquoi il est le plus critiquable : Degrelle ment. Enfin il conclu brutalement : « Le fascisme [donc aussi Degrelle] a perdu, historique­ment, irrévocablement, tout droit à la parole. Cette condamnation sans recours ne contredit nullement ni l'objecti­vité historique, ni le libre examen, ni la liberté d'expres­sion. Au contraire, elle en procède. C'est dans la tragique objectivité des atrocités fascistes que l'humanité a pu instruire le procès  définitif du fascisme. Ce dernier n'a rien à ajouter depuis la démonstration dramatique de son inanité. Aussi bien en tant que doctrine qu'en tant que projet social et régime politique ».[116] Ces objections, passion­nées sont sans doute légiti­mes mais on est loin de préoccupa­tions historiques.

L'opposition de la communauté juive de Belgique n'est donc pas monolithique. Si, même après avoir vu l'émission, Yannis Thanassekos est réticent, Maurice Goldstein l'est moins. Regard[117] par contre est tout à fait rassuré, rejoignant ainsi l'opinion de la presse : « Après vision du document il semble que les craintes nourries à juste titre un peu partout aient été vaines. <...> l'inter­view de Degrelle ne constitue en aucune façon une tribune commode pour ce nazi impénitent ».[118]

La Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre[119] considère qu'alors que « les associations patriotiques sont écartées du petit écran, il est proprement scandaleux de laisser parler un traître tel que Degrelle qui n'hésite pas à mentir et mettre même la royauté en cause. Pour elle Degrelle ne peut pas avoir accès à l'écran, même dans le cadre d'une interview très critique dans une émission historique »[120]. Ils stigmatisent l'attitude des chaînes nationales en des termes très violents : « Décidément plus une émission est scandaleusement choquante, plus certains irresponsables -ou plutôt déstabilisateurs de notre régime  démocratique- devienn­ent provoquant. Dans cet ordre d'idée, nous apprenons de source digne de foi, que la RTB  reprenait l'émission de la BRT dans laquelle le Fourex Degrelle peut parler sans être censuré, assortis de menaces : Nous promettons bien du plaisir à tout les studios de la RTB  si elle ose provoquer l'opinion publique francophone et les victimes de la guerre. Toutes les associations patriotiques se ligueront pour empêcher un tel scandale, un tel gaspillage des deniers publics ».[121]

Il reçoivent dès 1982 le soutien d'Albert Hubert[122] et de la Fraternelle des chasseurs ardennais[123] : « Nous nous associons pleinement aux protestations indignées qu'ont soulevées les émissions de la BRT «Nieuwe Orde-Ordre nouveau». On se demande ce qu'ont cherché en réalité les promoteurs et réalisateurs : hisser sur le pavois les incivi­ques et comble d'indécence permettre à l'histrion au traître méprisable qu'est Léon Degrelle de faire une exhibition écoeurante ».[124]

Fort de l'appui de leurs membres (et des sections locales) ils tenteront des pressions sur la presse et la RTBF[125] : le 30 mars 1984, 51 sections du groupement de Charleroi, Thuin, Chimay font parvenir à la presse un communiqué ou elles font savoir « combien l'apparition de Degrelle <...> constitue un scandale sans précédent, contre lequel tout les PG, toute les veuves de PG s'insurgent avec la plus grande véhémence­ ».[126]

Actuellement la FNAPG est beaucoup plus nuancée : « la venue, l'interview de Degrelle ça nous a paru un peu fort de café, bien qu'en finale je crois que Maurice De Wilde <...> a fait son possible et je crois qu'il a voulu en faisant paraître les interviews, c'était plutôt dans le but de ... de lui montrer qu'il [Degrelle] était un imbécile quoi! ».[127]

Les groupements de résistance n'auront pas une réaction aussi cohérente et unitaire que la FNAPG L'attitude de leurs membres est contradictoire.          Pour le Front de l'indépendance : si Marcel Sonneville[128] a d'abord douté de l'opportunité de faire paraître Léon Degrelle au petit écran  [Aujourd'hui - 7 avril 1984] [il] estime que « Maurice De Wilde a bien fait car Degrelle s'est montré tel qu'il était » [129]. Par contre six semaines plus tard [23 mai 1984] le Comité régional du Front de l'indépendance publie un communiqué de presse totalement contradictoire où il déclare maintenir son opposition à l'interview du traître Degrelle dans l'émission L’Ordre nouveau, « les pitreries du chef de Rex lui donnant une publicité exceptionnelle pour la vente de ses livres «interdits» ».[130] Pour l'Union des services de renseignements et d'actions (USRA), un rapport du comité exécutif de septembre 1981 rassure l'Union sur les projets de la BRT : « Le secrétaire général rappelle les problèmes moraux [à propos de] l'interview de Degrelle que la BRT envisage d'émettre à la télévision » et apporte des éclaircissement : « cette interview n'a certainement pas comme but de permettre à Degrelle de se justifier ou de se blanchir mais de montrer quel est réellement ce personnage <...> la BRT prépare deux séries d'émissions, une sur la résistance et une sur La Collaboration, <...> c'est dans cette série que seront incorporées des interviews de Degrelle et d'autres collaborateurs. Elles seront précédées ou suivies de commentaires et de révélations sur les méfaits du personnage. La BRT a dont rassuré l'USRA ce qui explique pourquoi elle n'a pas réagi à la diffusion de l'inter­view de Degrelle. D'autant plus que son président déclare qu'il a également eu des contacts avec les reporters de la BRT et qu'il est d'avis qu'ils travaillent dans un bon esprit. Ils sont d'ailleurs en contact avec le Centre d'étude de l'histoire de la Seconde guerre ». Mais William Ugeux se fait en 1982 le porte parole d'un groupe dans l'USRA qui n'a pas apprécié les explications du comité exécutif : « Beaucoup parmi nous ont protesté avec énergie contre l'idée que Léon Degrelle <...> pourrait s'expliquer longuement sur l'écran néerlandopho­ne. Nous n'avons pas été entendu mais comme tous il est rassuré après la diffusion de l'interview Degrelle s'est chargé de se ridiculiser ».

Antoinette Spaak[131] protestera à titre personnel contre une allégation de Léon Degrelle mettant sa mère en cause : « Spaak lui avait renoncé en fait à toute dignité <...> Mais il écrivait encore, et là c'est des témoignages direct que je vais vous donner. De Man était devenu ami de ma maison. Il venait souvent à ma maison, il venait déjeuner, il me racontait tout puisque nous allions faire équipe ensemble. Et il m'a montré en s'esclaffant les lettres que Spaak écrivait à sa femme. Parce que madame Spaak était à Bruxelles. - Maurice De Wilde : Et De Man avait ces lettres ? - Léon Degrelle : Oui ! Madame Spaak les lui donnait. Et il avait les lettres du ménage, et Spaak écrivait à sa femme : «va voir Spaak pour essayer d'arranger les affaires pour que je puisse revenir !» Maurice De Wilde : va voir qui ? Léon Degrelle : va voir De Man ! Et il ajoutait : «Il a toujours eu un faible pour toi, et tu a toujours un faible pour lui!»­ »[132]. Spaak conviendra, avec Maurice De Wilde[133] d'un Droit de réponse diffusé en surimpression lors de la rediffusion de la série à la BRT et lu par Pierre Devos au début du débat suivant Le Gouvernement de l’errance, à la RTBF : « Madame Spaak écrit : «que la BRT a pris la responsabilité de diffuser les élucubrations du condamné à mort Léon Degrelle, il est inadmissible que celui-ci par ses accusations malveillantes puisse mettre en cause l'honneur et l'honnêteté de personnes qui sont décédées, c'est ce qui s'est produit dans l'émission De Nieuwe Ordre où il a été question de monsieur Paul Emile Janson mort dans un camp de concentration et aussi à propos de mon père et de ma mère». Fin de citation mais madame Spaak proteste avec véhémence contre le témoignage d'un individu qui s'est rendu coupable d'innombrables crimes et qui est animé uniquement par la haine. Les paroles de Degrelle ne peuvent être accueillies qu'avec mépris conclu madame Spaak. Voilà pour cette mise au point ».[134] L'affaire n'ira pas plus loin.

Le Mouvement chrétien pour la paix « regrettera vivement l'intervention filmée en Espagne de Léon Degrelle, homme qui a toujours déclaré haut et fort sa profonde admiration pour le nazisme et Adolphe Hitler. Nous pensons que laisser s'exprimer cet homme est extrêmement dangereux, surtout en cette période de crise et de résurgence du racisme et de fascisme ».[135]


L’Ordre nouveau
et les rexistes

Parmi les lettres francophones reçues par la RTBF et la BRT, certaines sont à des degrés divers favorable à Léon Degrelle ou plus souvent aux idées qu'il incarnait. Quatre principaux thèmes préoccupent les auteurs de ces lettres : 

D'abord certains téléspectateurs expliquent pourquoi ils ont pu se laisser tenter par Rex sans être fasciste pour cela : « Les adeptes de Rex de la première heure étaient de parfaits patriotes qui ne rêvaient nullement de fomenter un coup d'état, mais simplement affirmaient et affichaient leur loyalisme envers le Roi symbole de la Belgique légale. Car pour eux, à qui se fier, se confier, alors qu'ils étaient dégoûtés des partis, des hommes politiques qui récoltaient ce qu'ils avaient semés »[136] ou que  « Ceux qui ont voté Rex en 1936 n'étaient pas tous des fascistes, loin de là, ils désiraient que les choses changent parce que le régime des partis ne leur plaisait pas mais Lorsqu'ils ont mieux connu Degrelle; ils ont vite compris que la démocratie parlementaire était le moins mauvais des systèmes »­.[137]  Cette attitude est semblable à celle de William Ugeux : « Il  est permis d'être de droite, on peut même être d'extrême-droite. Il n'est pas interdit dans la démocratie belge de penser qu'un pouvoir fort, qu'un gouvernement énergique, appuyé sur l'autorité royale ou sur l'énorme prestige dont jouissait le Roi Léopold 3 au lendemain de la campagne des dix-huit jours, auraient pu être une solution au désordre dont on était le témoin atterré ».[138]

D'autres vont expliquer que Degrelle « n'est pas sorti du parti catholique pour créer un nouveau parti. Il a créé un nouveau parti parce que le parti catholique l'avait expulsé­ »[139] et donc « rendre ainsi responsable le parti catholique de la naissance du rexisme tout en excusant Léon Degrelle ».[140]

Des anciens combattants du front de l'Est mettent en évidence l'attitude différente des Wallons et des Flamands face à eux. « Si Je prends l'initiative de vous adresser la présente parce qu'on ne saurait trop insister sur la différence fondamentale qui existe dans la manière d'appréhender les événements de la Seconde guerre mondiale dans les deux grandes communautés de notre pays. En Wallonie nous [les anciens volontaires wallons pour le front de l'Est] continuons à vivre, en 1983 sous la terreur anti-fasciste[141] par contre la Flandre accepte de passer l'éponge ».[142]

Enfin ils établissent une comparaison entre l'avant guerre et notre époque pour tenter de prouver que Degrelle, ou sa doctrine, avait raison : « Qui oserait parler franchement, sans être taxé de fascisme et nous vivons une démocratie hypocrite. En fait qui a gagné la guerre économique si ce n'est que l'Allemagne et le Japon. Et depuis 1945, combien de millions de gens de tous âges sont mort dans des guerres qui sévissent sur tous les continents. L'Europe  et l'Amérique arment à outrance pour tenir tête à la Russie dont le potentiel est immense. Et pourtant les jeunes qui ont combattu sur le front de Russie et qui avaient prévu ces affrontements, ont été condamnés à vie. Ils n'ont pas le droit de voter. Alors que toujours la même presse revendique le droit de vote des émigrés. Voyez déjà un prochain conflit avec à l'arrière une colonne d'immigrés qui ferait la loi et le marché. Ici également les vainqueurs de la guerre de 1940 seront touchés et succom­ber­ont. Les Belges auront encore tout le temps de gémir... hélas, mais ça sera trop tard »[143] ou bien « Mais parlons un peu de ceux d'en face qui eux, n'ont cessé de tricher, inclus sur le dos des malchanceux «noir». Nos politiciens «vainqueurs» allaient tout sauver. Mais en 1984, c'est la grande pagaille. Voila la petite Belgique secouée, sinon dépecée en grande tranche. Hitler, le Tyran, avait donné du travail à tous. Ici, chaque jour, on dénombre de plus en plus de chômeurs et de    mécontent ».[144]   D'autres affirment toujours leur foi en Degrelle : « Quarante ans après, De Wilde n'a rien compris. Le 10 mai 1940, la Belgique se vit offrir sa chance, les dirigeants de l'époque ne le comprirent pas. Nous en payons aujourd'hui les conséquences. Les faits actuels me donnent raison. Un vif hommage à monsieur Degrelle pour sa clairvoyance de tous les instants »[145]  

 


Notes


[1]
Jean Michel CHARLIER (1928) : Journaliste français d'origine belge qui a notamment réalisé Les Dossiers noirs (FR3), Les grandes enquêtes de TF1, L'Histoire secrète du pétrole. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[2] Léon Degrelle : persiste et signe. Interviews recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier, Paris, Ed. Jean Picollec, 1984, 444 p.

[3] dans Le Journal français Extrême droite Minute. J-M Charlier publiera dans son introduction une lettre de Léon Degrelle  avec cette phrase:  «J'ai lu dans Minute  que l'un de vos futurs Dossier noir serait consacré à Léon Degrelle [...]».
* JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 10

[4] JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 7, 9, 11 et 14.

[5] A cause, selon l'auteur, d'un «invraisemblable concours de circonstances» : une interpellation au parlement français au sujet d'une émission de la télévision française sur Eva Braun et une interview de Darquier de Pellepoix dans Paris-Match.

[6] JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 17 - Il ajoutera plus loin (p. 20) qu'il réalisait «de nombreuses projections semi-publiques (et notamment dans un cinéma de Bruxelles, devant cinq cent personnes de tous bords)». De tous bord est certainement exagéré. Jacques Cogniaux qui a assisté à l'une de ces projections fut frappé par le nombre d'anciens rexistes présents et par leur «attitude extatique face au chef».

[7] Il continue en affirmant que «des vidéocassettes piratées au Canada firent bientôt leur apparition en Belgique   où l'on se les disputait au prix de 7 à 8000 francs belges». C'est un peu exagéré, il suffit pour se procurer la vidéocassette  de l'émission de la commander aux éditions «Arts et histoire d'Europe» (Madame Peifer, boite 6008 - 75362, Paris). Cette maison d'édition diffuse aussi les textes et livres de Degrelle.

[8] ALAIN DANTOING, Léon Degrelle : persiste et signe. Interview recueillies pour la télévision française par Jean-Michel Charlier [notice bibliographique] dans Bulletin. Centre de recherches et d'études historiques de la Seconde guerre mondiale, n° 16, Bruxelles, 1986, p.  -  Notons, qu'excepté cette notice, deux articles sont partiellement consacrés au livre de Jean-Michel Charlier : L'influence pernicieuse de la TV, Degrelle à nouveau à la RTBF  dans Le Prisonnier de guerre. Organe de la Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre, Bruxelles, FNAPG-76 avenue de Stalingrad, février 1986, p. 1 et 2.- Fou Rex fait encore parler de lui dans Le Courri­er. De Koerier SRA. Organe officiel de l'Union des services de renseignement et d'action, Bruxelles, USRA - 21 rue du commerce, juin-décembre 1985, p. 9.

[9] Par exemple : «L'ancien chef de Rex guettait mon arrivée sur le trottoir, devant l'immeuble qu'il habite sous un nom d'emprunt. Mince, nerveux, enjoué, parfaitement à l'aise, l'air d'avoir 50 ans alors qu'il en comptait large ment 20 de plus, il me pilota vers un appartement en terrasse qui domine tout Madrid. Partout des meubles magnifiques, des tableaux, des objets d'art, de précieuses antiquités et les souvenirs de l'épopée personnelle de l'homme politique et du soldat qu'il fut». Ou encore «Une semaine durant, à raison de huit heures par jour <...> Léon Degrelle revécut littéralement sa vie et sa carrière devant les caméras, mena à nouveau ses meetings, ses combats,  ses discours avec une intensité, une passion, une conviction telle que l'épuisement laissait parfois à bout de for  ce grand blessé de guerre. Mais le matin suivant, les fatigues de la veille effacées, je le retrouvais plus gaillard et plus piaffant que jamais »
* JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 11 et 14.

[10] Par exemple : «L'intervention sur les ondes d'un survivant de l'aventure hitlérienne <...> eût immanquable  ment suscité l'obstruction systématique et la fureur des professionnels de l'anti-germanisme et du pacifisme» ou bien «au risque de m'attirer les foudres  des manichéens primaires pour qui un allemand ne sera jamais qu'un «sale boche» et pour qui un collaborateur ne sera jamais que totalement ignoble et haïssable qu'elles qu'aient pu être ses motivations, bref, pour les consciences impavides qui condamnent en bloc, sommairement et sans appel tous ceux qui ont commis le crime inexpiable de ne pas penser comme elles »
* JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p.8, 9 et 12 .

[11]Je suis sceptique quand à son objectivité et je crois que l'interview  n'est qu'un prétexte, Le Journaliste un prête-nom permettant à Léon Degrelle de s'exprimer en toute liberté dans un nouvel ouvrage. Par exemple Degrelle conclura le livre (p. 431) : «Et voilà! Je vous ai dis l'essentiel de ce que j'ai voulu réaliser,et de ce qu'a été mon combat. Au service de ma foi, ma vie a été une épée. Elle est restée inflexible dans la fortune comme dans l'infortune. Vous l'avez vue en pleine lumière. Merci à vous M. Jean-Michel Charlier <...> de m'avoir permis de la dresser sur le ciel de ma vie passée. A tous, à travers le monde, mon salut de soldat, avec mon fraternel adieu».  - On est loin de l'interview critique de Maurice De Wilde. Le livre ressemble plus à un manifeste qu'a un simple interview, même si Jean-Michel Charlier prétend dans sa Préface (p. 19) que «Degrelle s'est limité à faire la toilette de ce brouillon sonore. Cela dit chaque ligne de ce texte a été relue et maintenue par lui».
*JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 15

[12] JEAN-MICHEL CHARLIER, op. cit., p. 17

[13] L’Ordre nouveau dans RTBF-Service de presse, n° 9, Bruxelles, 1e mars 1984, p. 8 - L'interview fut réalisé pendant deux jours en décembre 1977 par Jacques Cogniaux et Pierre Desaive (qui menait les entretiens).Le questionnaire transmis à notre interlocuteur avait d'ailleurs été établi en accord avec notre conseiller historique José Gotovitch. Cinq programmes ont été réalisés.
* Interview de Jacques Cogniaux, op. cit. - Lettre de Jacques Cogniaux à Robert Wangermée, Bruxelles, 24 novembre 1977.

[14] L’Ordre nouveau dans RTBF-Service de presse, op. cit. - Un sujet brûlant dans Le Vif, Bruxelles, 22 mars 1984 copie intégralement pour cet article le texte fourni par le service de presse.

[15] «L’Ordre nouveau» de Maurice De Wilde (produit par la BRT) à partir de jeudi sur télé 2. Mais pourquoi a-t- on «mis aux oubliettes» l'émission sur Degrelle réalisée par la RTBF (en '77-'78) par Jacques Cogniaux et Pierre Desaive ? dans La Meuse/La lanterne , 23 mars 1984 l'article rapporte une interview de Pierre Desaive et de Jacques Cogniaux - 5 émissions d'une heure pour Degrelle à la BRT dans Le Prisonnier de guerre, mars 1984, p. 4. qui mentionne un article paru dans Le Soir : Degrelle célèbre Hitler à Barcelone !, 1er février 1982.

[16] Il est utile d'énumérer les problèmes rencontrés par la RTBF avec sa propre émission sur Léon Degrelle car l'appréhension de nouveaux ennuis à peut-être retardé la diffusion sur ses antennes de L’Ordre nouveau

[17] WILLIAM UGEUX, Après les 18 émissions sur L’Ordre nouveau dans La Revue générale, n° 2, 1985, p. 50 - Pierre Desaive est conscient du problème : «Dans notre série, son interview durait environ 2h 30. Cela posait évidement un problème juridique car une disposition légale prise après la condamnation à mort de Degrelle, interdit ses écrits en Belgique. Cela l’empêche t’il de s'exprimer au cours d'une interview ?»
* «L’Ordre nouveau» de Maurice De Wilde (produit par la BRT), op. cit.,

[18] «L’Ordre nouveau» de Maurice De Wilde (produit par la BRT), op. cit. - l'aspect juridique du passage de Degrelle à la télévision sera étudié au chapitre suivant.

[19] WILLIAM UGEUX, Après les dix-huit émissions sur L’Ordre nouveau, op. cit.

[20] «L’Ordre nouveau de Maurice De Wilde (produit par la BRT), op. cit. -  La vision des émissions avait été demandée par Jean Stengers en 1979 pour ses étudiants de l'ULB. Depuis l'expérience n'a pas été renouvelée. Mais il semble que la RTBF veuille diffuser l'émission après quelques remaniements.

[21] Représentant du CREHSGM (Vice-président du comité scientifique de septembre 1979 à sa mort en (1981). Il semble apprécier le travail de Jacques Cogniaux et de Pierre Desaive, sauf sur un point : «Faut-il ou peut-on livrer à des centaines de milliers de téléspectateurs de tous âges, notamment aux jeunes, et à longueur de semaines, les délires verbaux de Degrelle. Je n'ai pas cessé d'y réfléchir <...> et n'ai pas trouvé de réponse qui me satisfas­se».
* Lettre de Luc Somerhausen à Jacques Cogniaux, Bruxelles, 7 août 1979.

[22] Paul M.G. LEVY (27 novembre 1910) : ingénieur commercial, et licencié en sciences économiques (ULB), journaliste, rédacteur, reporter, chef du service d'information de l'INR (1933-1949), incarcéré à Breendonk puis libéré, il rejoint Londres ou il sera correspondant de guerre, professeur à l'Université de Strasbourg (1954-1972), et à l'UCL (1968-1981), il fut attaché de cabinet au ministère de l'information et attaché à la commission belge pour l'étude des problèmes d'après-guerre (Londres 1942-1944), vice président du conseil supérieur de statistique (1978-1980). Il est président du Mémorial national du Fort de Breendonk (1976). [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Le Dictionnaire des Belges, op. cit., p. 325 (avec photographie) - Qui est qui en  Belgique francophone, op. cit., p. 573-574.

[23] Pan : hebdomadaire satyrique paraissant depuis 1945. Jean Gol le considère comme un «hebdomadaire commercial d'information générale consacrant la plus grande part de ses colonnes à la politique nationale ou international ayant une «ligne» qui, quoique fluctuante permet de les situer politiquement. Pan (et ‘t Pallieterke) sous le rire laissent transparaître une idéologie assez difficile à définir mais finalement assez conservatrice».
* Jean GOL, Le monde de la presse en Belgique, Bruxelles, CRISP, 1970, 240 p. - Une étude très ancienne sur Pan est parue dans La presse périodique d'opinion en Belgique dans Courrier hebdomadaire, Bruxelles, CRISP, 6 décembre 1963. - Le même type d'étude sur ‘t Pallieterke est paru dans La presse périodique radicale flamande dans Courrier hebdomadaire, n°  331-332, Bruxelles, CRISP, 9 septembre 1966.

[24] Robert WANGERMEE (surnommé «monsieur Wang» par ses détracteurs) ( 21 septembre 1920) : musicologue, docteur en Philosophie et lettres (Histoire), professeur d'Histoire de la musique à l'ULB, attaché à la radio belge depuis 1946, directeur adjoint des émissions musicales (1953-1960), administrateur général de la RTBF (1979-1986) [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Le Dictionnaire des Belges, op.cit, p. 557 - Qui est qui en Belgique francophone, op. cit., p. 927. - Le fait qu'Adriaan Verhulst et que Robert Wangermée soient historiens n'est pas étranger à la réalisation et à la diffusion de L’Ordre nouveau sur les deux chaînes nationales.

[25] Pan dans l'oeil. Est-il trop tôt ... pour écrire? dans Pan, Bruxelles, 23 novembre 1977.

[26] Lettre de Jacques Cogniaux à Robert Wangermée, Bruxelles, 24 novembre 1977. Il ajoutera : «J'ai lu les échos que Pan consacre à nos projets <...> ils reposent apparemment sur une lettre datée du 20 juin que nous avons fait transmettre à Léon Degrelle <...> Contrairement à ce qu'affirme Pan nous n'avons [à ce moment là] jamais rencontré Léon Degrelle. Je sais que la chose est facile, que c'est un fleuron journalistique que l'on décroche aisément,  mais nous voulions faire oeuvre sérieuse et dans ce but poser aussi nos conditions. Le reste de l'ar­ticle est oeuvre d'imagination». Il semble que ce soit Robert Poulet (qui est collaborateur littéraire à Pan) qui aie mis Le Journal au courant des projets de la RTB F:»Mr Dumonceau [directeur de Pan] m'a confié que Robert Poulet <...>l'avait mis au courant de nos projets».

[27] L’Ordre nouveau» de Maurice De Wilde(produit par la BRT),op. cit.,

[28] Deux initiatives de la RTBF dans La Libre Belgique, Bruxelles, 17 juillet 1983 - Guido VAN           DAMME, « L’Ordre nouveau» ... revu et traduit pour la RTBF dans Le Soir, 31 mars-1e avril 1984 est moins nuancé: « Le travail maison faisait semble-t-il la part trop belle à l'impénitent collabo».

[29] Interview de Maurice De Wilde, op. cit. - Il ajoutera «et chaque fois qu'il [Degrelle] dit quelque chose au point de vue historique, il y avait intervention de nos deux spécialistes, ils ont fait ça, ils ont enregistré les déclarat­ion de Balace et de Dejonghe, et ils ont fait le montage, c'est artificiel du commencement jusqu'a la fin, parce qu'il y a tellement à corriger que chaque fois qu'il ouvre la bouche, le spécialiste doit intervenir. C'est totalement impossible. Qu'est ce que j'ai fait ; j'ai donné un bout de Degrelle là dans un autre programme un autre bout». Pierre Desaive n'est pas d'accord avec cette méthode : «nous aurions du «saucissonner» l'interview de Léon Degrelle et en supprimer certains passages. Et, cela, Jacques Cogniaux et moi même ne pouvions l'accepter».

[30] A. MASSINGER (1917) : docteur en Philologie romane. Entre aux émissions internationales de l'INR (1947), puis à la télévision (1951). Il est successivement responsable de la section «documentaire et culturelle», chef du service des spectacles, directeur artistique et directeur des programmes (1960-1978).
* Le Dictionnaire des Belges, op. cit., P. 348. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[31] Emission sur La Collaboration - Interview de Léon Degrelle dans Note de service (RTB) d'A. Massinger. à R. Wangermée (réf AM/AD77L265), Bruxelles, 26 mai 1977. Auquel est joint l'avis du service juridique Emission sur La Collaboration - Interview de M. Léon Degrelle dans Note de service (RTB) de J. Bierlaire à A. Massinger (réf S126 31/780NM/NS), Bruxelles, 24 mai 1977.

[32] Roger LALLEMAND ( 17 janvier 1932) : Docteur en droit et en philosophie et lettres (ULB), chargé de recherche à l'Institut de sociologie de l'ULB (1960), membre du Conseil de l'Ordre des avocats et du Conseil de discipline du barreau de Bruxelles (1972-1973), sénateur coopté PS (depuis 1979), vice-président du groupe francophone du Sénat (1979), vice président de la commission de la justice (1979), président du Centre de sociologie de la littérature de l'ULB [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Qui est qui en Belgique francophone, op. cit.,

[33] Lettre [avis juridique] de Roger Lallemand à Robert Wangermée, Bruxelles, 17 novembre 1977, p.15 - Il explique dans sa conclusion pourquoi l'interview de Degrelle a tant de succès dans le public : «Sans doute faut-il  s'étonner de l'impact que peuvent encore revêtir en 1977, les propos d'un homme discrédité et qui apparaît comme un véritable fossile politique. Sans doute faut-il penser aussi que l'apparente efficacité du langage de Léon Degrelle repose pour une large part sur le tabou qui en entoure la diffusion <...> c'est la sacralisation en négatif du personn­age qui donne la force à ces dires».

[34] «Je maintiens la substance des avis déjà donnés : l'article 123 du Code pénal ne nous permet pas de diffuser une interview de Degrelle dans la mesure ou cette participation au programme avait un  caractère politique. L'on ne peut être que très prudent sur l'appréciation d'un tel caractère politique. Il reste que le 123 sexies cessera d'avoir effet au décès de Degrelle, ne subsisteront, à ce moment, que des problèmes d'opportunité», malheureu­sement pour la RTB  Léon Degrelle vit toujours en 1987, et c'est la BRT qui a saisi l'occasion.
* Projet d'émission sur La Collaboration - Réalisation et diffusion d'un interview de Léon Degrelle - avis de M. Lallemand dans Note de service (RTB) de J. Bierlaire à Robert Wangermée (réf CX/2057-JB/NS), Bruxelles, 5 décembre 1977, p.10

[35] Entre le 2 et le 24 août 1979

[36] Lettre de Jacques Cogniaux à Paul M.G. Lévy, Bruxelles, 24 septembre 1979.

[37]  Après la projection de l'émission devant le Conseil d'administration de la RTBF qui a rendu un «avis nettement défavorable», il écrit à Paul M.G. Levy : «Je n'ai pas à commenter cette décision prise sur base d'un seul épisode, le deuxième que vous avez vu. Mais je me permets de la trouver intolérante et basée plus sur le sentiment que sur la raison. J'espère malgré tout que la chose n'est pas irréversible, mais cela risque de prendre du temps, beaucoup de temps». Son correspondant répondra crûment : «Il ne s'agit pas d'intolérance, Il s'agit d'un sentiment qu'on peut qualifier scientifiquement de «trouille».
* Lettre de Jacques Cogniaux à Paul M.G. Lévy (en réponse à une lettre du 2 août 1979), Bruxelles, 24 septembre 1979 et Lettre de Paul M.G. Lévy à Jacques Cogniaux, Bruxelles, 10 octobre 1979.

[38] Le Journaliste précis se trompe, il s'agit de l'article 123 sexies et pas du 125 sexies qui n'existe pas

[39] Odon BOUCQ, Les risques calculés de la RTBF. Beaucoup de précautions ont été prises avant la diffusion de la série «L’Ordre nouveau». Mais il faut s'attendre à de vives réactions dans Nord-Eclair, Mouscron, 3 mars  1984.

[40] Intervention d'Adriaan Verhulst dans le débat suivant l'émission n° 1 : Les petits dictateurs (RTBF-29 mars 1984). Il y résume le sujet qui nous occupe. - Selon Le Prisonnier de guerre : «La RTBF est passée outre près avoir, paraît-il, demandé l'avis du ministre de la justice». En fait le rédacteur de l'article confond deux affaires. En 1973, Adriaan Verhulst avait bien consulté le ministre de la justice (A. Vanderpoorten) sur la légalité d'une interview de Degrelle faite par la télévision hollandaise, donc transmise en Belgique par la télédis­tribution, et non au sujet de L’Ordre nouveau
* Illégal, inconvenant et scandaleux la BRT donne le petit écran à Degrelle dans Le prisonnier de guerre, Bruxelles, avril 1982, p. 6 - Projet d'émission sur La Collaboration-réalisation et diffusion d'un interview de Léon Degrelle - Avis de M. Lallemand dans Note de service de J. Bierlaire [conseiller juridique de la RTBF] à Robert Wangermée, Bruxelles, 5 décembre 1977, p. 10.

[41] Karel RIMANQUE (13 juillet 1942) : Docteur en droit et bachelier en philosophie (KUL), professeur associé (1969-1972), professeur (depuis 1972) à l'UFSIA et à la KUL; membre du Conseil d'administration du Centre interuniversitaire de droit constitutionnel. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Wie is wie in Vlanderen, op. cit, p. 768.

[42] René Butzler (31 octobre 1935) : Docteur en droit de la VUB (1959), avocat, assistant (1961) et professeur à  la VUB, avocat à la Cour de Cassation (depuis 1973), membre du conseil d'administration de la VUB [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Wie is wie in Vlanderen, op. cit., p. 114.

[43] Procès verbal n° 30 de la Commission permanente du Conseil d'administration de la BRT, Bruxelles, 1e avril 1981, p.1.

[44] «Les peines criminelles se prescriront par 20 années révolues à compter de la date des arrêts ou jugements qui les prononcent».
* Code pénal et lois particulières mis à jours au premier janvier 1987, p.30.

[45] «Art. 1 : Par dérogation à l'article 91 du Code pénal et pour autant que la prescription ne soit pas acquise à la date de l'entrée en vigueur de la présente loi, les peines de mort prononcées pour infractions ou tentatives d'infractions prévues au chapitre II du titre Ier du livre II du Code pénal, commises entre le 9 mai 1940 et  le 8 mai 1945, se prescrivent par trente années révolues à compter de la date des arrêts ou jugement qui les auront prononcées». -  Léon Degrelle en garde d'ailleurs un certain dépit : «En toute hâte, ils improvisèrent une loi qui prolongerait de 10 ans ma prescription <...> cette loi était tellement fabriquée à mon seul usage qu'on lui donna un nom latin : Lex Degreliana».
* JEAN-MICHEL CHARLIER op. cit.,p.404

[46] par la Loi du 30 décembre 1953 (art. 1) relative à la déchéance de la nationalité belge du chef de condamnation par défaut pour infraction contre la sûreté extérieure de l'Etat, commise entre le 26 août 1939 et le 15 juin  1949 (modifiée par la Loi du 3 décembre 1964 (art.3)) : «Est déchu de plein droit de la nationalité belge à l'expira­tion du délai d'opposition, celui qui a été condamné par arrêt ou jugement prononcé par défaut non frappé d'opposition et demeuré inexécuté sur sa personne, à une peine criminelle pour infraction où tentative d'infraction, commise entre le 26 août 1939 et le 15 juin 1949 et prévue au chapitre II, livre II titre Ier du Code pénal ou par les articles 17 et 18 du Code pénal militaire». La Loi est contresignée par le ministre de la justice Du Bus de Warnaffe et publiée dans Le Moniteur belge, n° 17  du 17 janvier 1957
* Recueil des lois et arrêtés royaux de Belgique (1954), Bruxelles, Imprimerie du Moniteur Belge, p. 252-258.

[47] Lettre de Pierre Desaive à Robert Wangermée, Bruxelles, 13 avril 1977 - Elle est confirmée par le service juridique de la RTBF (Note de service de J. Bierlaire, op. cit.)

[48] Procès verbal n° 30, op. cit., p.1 - Mais ils n'y sont pas arrivés de la même façon : «Professor Butzler <...> komt daarbij tot de vastelling dat het metuitzenden van het Leon Degrelle gemaakte interview geoorloofd in en bevestigt het door hem ingenomen standpunt na dat hij vier van de geplande programma's had bekeken », mais pour le professeur Rimanque : « bekeek de programma's niet maar duidt in een lijvig document  aan waaraan de uitzending van   et interview met Degrelle moet voldoen om niet in strijd te zijn met artickel 123 sexies §1 8  van het Strafwetboek»

[49] Livre II : Des infractions et de leur répression en particulier. Titre premier : Des crimes et délits contre la sûreté de l'Etat. Chapitre II : Des crimes et délits contre la sûreté extérieure de l'Etat. (article 113  à 123 decles du Code pénal)

[50] Selon l'article 31 : droit de remplir des fonctions, emplois ou offices  publics, droit d'éligibilité, de         porter des décorations et des titres de noblesse, d'être juré, expert, témoin instrumentaire, de déposer en justice autrement que pour donner un simple renseignement, de faire partie d'un conseil de famille, d'être tuteur, subrogé tuteur ou curateur, de porter une arme, de faire partie de la garde civique ou de l'armée.

[51] L'article 123 sexies § 1 du Code pénal [modifié par la Loi relative à l'épuration civique du 30 juin        1961, contresignée par le ministre de la Justice P. Vermeylen et publiée dans Le moniteur belge, n° 156, Bruxell­es, 1e juillet 1961] entraîne aussi pour ces condamnés la déchéance à perpétuité : des droits énumérés à l'article  31, du droit de vote, d'élection, d'éligibilité, d'être inscrit sur l'un des tableaux de l'Ordre des avocats, du droit de participer à quelque titre que ce soit à un enseignement donné dans un établissement public ou privé, du droit d'être rémunéré par l'Etat en qualité de ministre du culte, du droit d'être dirigeant d'une association politique, du droit de participer à l'administration, la gérance ou la direction d'une association professionnelle ou d'une  ASBL, du droit de participer à l'exploitation, à l'administration de toute manifestation culturelle, philanthropique et sportive ou de tout divertisse­ment public dans les cas ou cette participation a un caractère politique et   en rapport avec l'article 8, ce qui nous intéresse plus particulièrement : «du droit de partici­per à quelque titre que ce soit à l'exploitation, à l'administra­tion, à la rédaction, à l'impression ou à la diffusion d'un journal de toute publication dans les cas ou cette participa­tion à un caractère politique».
* Code Bruxelles (ed. 85), t.2, Droit pénal, Bruxelles, 1985, p. 49 - Code pénal et lois particulières mis à jours au premier janvier 1987, Alleur, Marabout, 1987, p. 49-50.

[52] Ils font référence à l'Arrêté-loi du 6 mai 1944

[53] Lettre [avis juridique] de Roger Lallemand à Robert Wangermée, Bruxelles, 14 novembre 1977, p. 2 - Procès ve­rbal n° 30, op. cit., p.2.

[54] Procès verbal n° 30,op. cit.,p.2

[55] Lettre de Roger Lallemand, op.cit, p. 2

[56] Procès verbal n°  30, op. cit., p.1

[57] Procès verbal n° 30, op. cit., p. 2

[58] Interview de Maurice De Wilde op. cit.

[59] Procès verbal n°  30, op. cit., p. 2.

[60] Intervention de Maurice De Wilde au débat final de la RTBF  (20 décembre 1987.

[61] Van Leeuw : factotum de Léon Degrelle vivant lui aussi en Espagne. Bruxellois qui avant de devenir rexiste et de s'engager à la Légion Wallonie, avait fait partie de la Légion Nationale (il fut même arrêté par les Allemands comme résistant à deux reprises en mai et septembre 1941). Passa au rexisme via les «Jeunesses Romanes» dissidence pro collaboratrice de la Légion Nationale. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[62] Jean VERMEIRE (1919) : selon ses dire : journaliste, il travaille au Petit vingtième. Il ne suit pas         Degrelle au Pays réel quand celui-ci quitte le parti catholique, mobilisé, replié en France, nommé sous-lieutenant. Il rentre en Belgique en août et entre au Pays réel où il tient la chronique judiciaire. Au début de la campagne de Russie il entre à la Légion pour y effectuer des reportages, envoyé en Belgique en février 1942 pour organiser le recrutement du deuxième contingent de volontaires pour la Légion Wallonie, le plus jeune conseiller et intime de Degrelle. Il ne s'affiliera jamais au mouvement rexiste, mais présent à une réunion rexiste en 1943, il fut qualifié de «représentant du chef de Rex». Il fut interprète dans les discussions entre Degrelle et les autorités Allemandes et en 1943 fut désigné comme ambassadeur personnel de Degrelle à Berlin. En août 1944, il reprend du commandement à l'Etat-major de la légion. Le 9 mai 1945, en civil il fuit chez des amis en Rhénanie. Il y est arrêté  le 29 août 1945. Jugé en juin 1946, condamné à mort, gracié, libéré après remises de peines en 1951. J. Vermeire est rédacteur du Téméraire, mensuel qui, s'il se veut «apolitique et non confessionnel» est tout   de même le périodique de l'ASBL «Les Bourguignons». Celle-ci regroupe les anciens légionnaires Wallons comme     l'indique Roger ROSART dans La Libre Belgique du 22 avril 1985 : « «Les Bourguignons» ont fait passer dans un journal bruxel­lois francophone une annonce publicitaire recrutant les anciens SS wallons. Le texte  «Les anciens bourguignons à la recherche de leur passé et de leurs camarades de combat sont invités à prendre contact avec..». Suivent une boite postale des environs de Liège et 2 numéros de téléphone. Le secrétariat de l'association se trouve à Rocourt, tandis que l'adresse de la rédaction de la revue est fixée au domicile de J. Vermeire. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Interview de J. Vermeire réalisée (sans enregistreur refusé par le témoin) le lundi 26 janvier 1987 à son domicile - MARTIN CONWAY, Le rexisme de 1940 à 1944 : Degrelle et les autres dans Cahiers du Centre de recherches  et d'études historiques sur la Seconde guerre mondiale, Bruxelles, novembre 1986, p. 21 et 36. Son rôle n'est pas très clair. Il se considère comme «l
e troisième dans la hiérarchie, le plus proche collaborateur encore vivant» et comme le représentant de Degrelle en Belgique. Maurice De Wilde quand à lui estime «qu'il s'est valorisé comme le monsieur qui a arrangé l'interview avec Léon Degrelle, il va vous dire cela je suis certain, c'est pas tout à fait cela, il est intervenu aussi, mais il a voulu intervenir, parce que c'est lui qui veut tout contrôler, il veut se faire important». [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[63] Interview de Maurice De Wilde, op. cit. - Il le répétera dans le Débat final (20 décembre 1987) : « On fait d'abord une petite enquête sur votre personne»

[64] Interview de Maurice De Wilde, op. cit.

[65] Intervention de Maurice De Wilde au cours du débat final RTBF

[66] Interview de Maurice De Wilde, op. cit.

[67] «Il va de soi que vos émissions seront sérieusement suivies par M. Degrelle et par moi-même, et enregistrées»
* Lettre de Jean Vermeire à Maurice De Wilde, Everberg, 26 mars 1984.

[68] Lettre de Léon Degrelle au «directeur général» de la RTBF, sl, 6 juin 1984. - Elle a été partiellement reproduite dans Le Rex ... pect fou le camp dans Pan, Bruxelles, 11 juillet 1984.  - Contrairement à ce qu'affi­rme J. Vermeire : «Léon Degrelle regrette de ne pas participer aux débats. Degrelle aurait voulu un Duplex et Devos était d'accord. Parce que Degrelle avait accepté l'interview parce qu'il y a eu un consensus avec Devos que  Degrelle aurait pu se défendre»
* Lettre de J. Vermeire à Maurice De Wilde, Everberg, 26 mars 1984 - «
il n'a jamais été question d'un débat ou d'un Duplex avec Léon Degrelle (mais bien avec Robert Poulet)» - * Lettre de Jacques Cogniaux, Bruxelles, 24 avril 1987.

[69] Sauf Paul Eygenraam, qui très opposé à Maurice De Wilde (voir chapitre sur les officiers), écrira à contre courant de l'opinion générale: « le déserteur [ Léon Degrelle ] devient en Espagne un bourgeois cossu, lui aussi interviewé     longuement par Maurice De Wilde, avec une obséquieuse déférence»

[70] Odon BOUCQ, La première émission sur L’Ordre nouveau. La tentation d'un pouvoir musclé dans Nord-Eclair, Mouscron, 31 mars 1984.

[71] Jacques HISLAIRE, Degrelle-reconnais-pas dans La Libre Belgique, Bruxelles, 31 mars 1984.

[72]  HERVE, «L’Ordre nouveau». La Flandre profonde? dans Vers l’avenir, Namur, 9 avril 1984.

HERVE : Pseudonyme de Victor Robert (11 avril 1927) jésuite, licencié en histoire contemporaine (Faculté  Notre-Dame de Namur) UCL, professeur de l'enseignement secondaire, participe aux activités du centre de documentation et d'action pour la Télévision (fondé par l'abbé Pirard), collaborateur extérieur de Vers l’avenir depuis plus de dix ans où il rédige la chronique quotidienne. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
 
*  Entretien téléphonique avec M. Lambert (rédacteur en chef-adjoint de Vers l’avenir), et avec Victor Robert, le 9 juillet 1987.

[73] HERVE, «L’Ordre nouveau». Degrelle pour rire ou pour pleurer dans  Vers l’avenir, Namur, 2 avril 1984 - Dans le même ordre d'idée, Guido Van Damme écrira : « Il est vrai qu'il ne reste rien du leader de Rex passé à la mouline­tte de Maurice De Wilde : à chaque mensonge, le réalisateur lui fait rendre gorge».
* Guido VAN DAMME, «L’Ordre nouveau» ... revu et traduit pour la RTBF dans Le Soir, Bruxelles, 1e avril 1984.

[74] L’Ordre nouveau dans Pan, 4 avril 1984 - Pierre Stéphany lui fait le même reproche : «il laisse        Degrelle  donner de l'histoire de la cagnotte qui coûta si cher à Paul Van Zeeland, une version fantaisiste».
* Pierre STEPHANY, «L’Ordre nouveau» est arrivé dans La Libre Belgique, Bruxelles, 7-8 avril 1984.

[75] William UGEUX, Après les dix-huit émissions sur L’Ordre nouveau, op. cit., p.57 - Pan lui fait un         reproche semblable mais avec plus d'Humour (sans toutefois parler des même personnages étant donné que l'un d'entre eux collabore à l'hebdomadaire) : «on savait depuis longtemps que chaque antisémite avait son bon juif. On sait mainten­ant que Maurice De Wilde <...> à son bon collabo. Car c'est avec une indulgence incroyable chez lui, qu'il a présenté le «cas» De Man. Voilà qui me rassure, De Wilde, le Vlaamse Savonarole peut parfois comprendre au lieu de juger <...>. Des amis plus retors que moi insinue c'est bien leur genre! que si De Wilde s'est montré aussi bon papa gâteaux avec de Man, ce vilain garnement, c'est peut-être parce qu'il était socialiste ...les gens sont méchants ! »
* PAN-DIRA-TON, De Wilde n'est pas toujours ... De Man dans Pan, 12 décembre 1984.

[76] «lui ce qu'il veut c'est que, c'est qu'il y a un public qui suit les émissions , c'est compréhensif et à        la limite <...> parfois il est prêt de sortir des histoires qui sont dubieuses <?>, qui sont scabreuses même parfois où dont il sait presque avec certitude qu'elles sont inexactes. Peut-être aussi dans l'espoir d'obtenir des réac­tions, eh! , dont il sortirait la vérité, c'est un truc connu».
* Interview d’Etienne Verhoeyen, op. cit.

[77] Roger ROSART, La guerre de 1940-1945 à la BRT ou l'histoire en raccourci [interview de Jean Vanwelkenhuysen] dans La Libre Belgique, 19 avril 1982. -  Il continuera, rejoignant ce qu'a dit E. Verhoeyen (à la note précédente) : «que ce soient de bons numéros de télévision, car « le beau Léon « est un acteur prodigieux, ne justifie rien. Le seul fait d'avoir cédé au plaisir d'offrir du spectacle montre au contraire la concession, à n'impor­te quel prix, au désir d'impact».

[78] William Ugeux, Après les dix-huit émissions sur L’Ordre nouveau, op. cit., p.57

[l79] Droit de réponse de Mme Antoinette Spaak apparu en «surimpression» à la BRT et lu avant le débat de l'émission n°  6 : Le Temps des erreurs (3 mai 1984) - voir le paragraphe : Les protestations

[80] Intervention de Jean Stengers dans le débat RTBF suivant l'émission 5 : Le Temps des erreurs 3 mai 1984) - Francis Balace dans le premier débat (Les petits dictateurs) donnera un exemple des mensonges de Degrelle : « Vous savez que Degrelle a consacré des kilomètres de pages au Roi et la seule phrase qui est peut-être exacte dans l'interview de Degrelle c'est : «nous n'avons pas les mémoires du Roi». Mais nous avons les mémoires de Degrelle et je ne connais pas contre Degrelle de plus féroce témoin que Degrelle. Voici notamment sur cet épisode de «Daye le preux dont personne n'a jamais mis la parole en doute»[rappel ironique d'une phrase de Léon Degrelle dans l'émission ]. Les variations ...... de Léon Degrelle à très courts intervalles et depuis la fin de la deuxième guerre ou plus exactement depuis la mort de Pierre Daye. Parce que nous n'avons aucune version mettant Daye et le Roi  en cause antérieure à la mort de celui-ci. 1961 : «on apprit plus tard par les confidences que fit à M. Daye un des collaborateurs les plus intimes et le plus immédiat de Léopold 3» ... bon quelques années se passent. 1969 : Hitler pour 1000 ans : «Le Roi, son écrivain l'expliqua plus tard à l'écrivain Pierre Daye eut ordonné qu'on ne riposta pas». Quelques années se passent. 1973, interview par Jacques de Launay : «Nul ne savait que le Roi Léopold 3 me l'a confié en 1938 avait donné l'ordre à la gendarmerie de ne pas tirer si les rexistes  passaient à l'assaut du Parlement. 1977 : 2e édition de Degrelle m'a dit, enrichie d'une introduction et d'une postface de Léon Degrelle, version intégrale de 1961 reprises. Alors évidement qu'est-ce qu'il faut croire!».

[81] Lettre de Melle CROMBE à l'émission L’Ordre nouveau

[82] HERVE, «L’Ordre nouveau». Degrelle pour rire ou pour pleurer? dans Vers l’avenir, Namur, 2 avril 1984.

[83] «Il y avait un certain risque à laisser, comme nous l'avons fait, ce pitre s'ébattre encore une fois devant le public»
* Intervention de Maurice Goldstein au débat RTBF suivant l'émission 1 (Les petits dictateurs), 19 mars 1984.

[84] Jacques HISLAIRE, Degrelle-reconnais-pas dans La Libre Belgique, 31 mars 1984.

[85] Luc PARRET, Comprendre plutôt que juger dans Nord-Eclair, Mouscron, 31 mars 1984.

[86] Yannis THANASSEKOS, Objectivité et critique, A nouveau contre Degrelle dans Bulletin trimestriel de       la fondation Auschwitz, n° 5, Bruxelles, mai 1984.

[87] Effet de première parce que c'est la première fois depuis la fin de la guerre que Léon Degrelle parlera à la télévision en Belgique. Jacques Hislaire dans La Libre Belgique du 31 mars 1984, exprime ce qu'a pu ressentir un téléspectateur : «La première, et c'en était une avec l'interview de Léon Degrelle jusqu'ici «interdit d'antenne» à la RTBF, m'a vivement intéressé.  La preuve : il est peu fréquent que je reste vissé devant le petit écran pendan­t deux heures <...> surtout pour autre chose qu'un film de fiction». De plus quand on regarde les sondages d'écoute réalisés par la RTBF, la première émission recueille une audience  de 26,2 % tandis que les émissions suivantes plafonnent à peine à 10 %

 

[88] Intervention de Jacques Cogniaux dans le débat final de la RTBF (20 décembre 1984) - La note envoyée aux journaux explique «Dans le premier numéro, ce sont les mouvements politiques Extrême droite francophones qui sont sous la loupe de Maurice De Wilde. Avec en vedette, une interview de Léon Degrelle. Le problème du passage à l'anten­ne trop fameux chef de Rex, condamné à mort par la justice belge sera d'ailleurs au coeur du débat qui suivra l'émission»­.
*L’Ordre nouveau dans Service de presse RTBF [à ne pas confondre avec les Dossiers], n°  Bruxelles, 1984, p. 13.
 

[89] Odon BOUCQ, La première émission sur L’Ordre nouveau. La tentation du pouvoir musclé dans Nord             Eclair, Mouscron, 31 mars 1985. - Odon Boucq y écrit qu'«il est inutile d'entendre »  Mais le deux avril 1984, Nord-Eclair, corrige : « une fâcheuse erreur de composition nous a fait dire exactement le contraire de notre point de vue à propos de L’Ordre nouveau. Nous pensons, en effet, qu'il était utile d'entendre Léon Degrelle»?

[90] Philippe ROBERT, Partisan du journalisme vérité. M. Moureau espère que Robert Wangermée  donnera la parole aux anciens PG au cours des émissions sur «L’Ordre nouveau» dans La Dernière heure, Bruxelles, 31 mars 1984.

[91] Luc PARRET, Comprendre plutôt que juger dans Nord-Eclair, Mouscron, 31 mars 1984.

[92]  Intervention de Jacques Cogniaux, op. cit.

[93] Interview d’Etienne Verhoeyen, op. cit.

[94] Dans Le Drapeau rouge, Bruxelles, 21 janvier 1982.

[95] Dans Nord-Eclair, Mouscron,27 février 1982.

[96] Guido VAN DAMME dans Le Soir, Bruxelles, 26 février 1983. - Article entièrement consacré à Degrelle.

[97] Dans Le Vif magazine, Bruxelles, 22 mars 1980. Article consacré entièrement à Léon Degrelle

[98] Dans Télé 7 jours, Paris, 24 mars 1984

[99] Dans Le Peuple, Gosselies, 30 mars 1984.

[100] Jacques HISLAIRE dans La Libre Belgique, Bruxelles, 31 mars 1984

[101] HERVE dans Vers l’avenir, Namur, 2 avril 1984.

[102] Dans Le Vif magazine, Bruxelles, 5 avril 1984.

[103] A.H. dans Pourquoi pas ?, Bruxelles, 3 mai 1984.

[104] «Il y avait un certain risque à laisser ce pitre s'ébattre encore une fois devant le public, et nous savons    très bien que le public ! Euh, est parfois naïf, qu'il est parfois crédule, ou bien laisser parler Degrelle à la télévision est peut-être ouvrir une porte de résonance à une certaine jeunesse nostalgique d'autorité».
* Intervention de Maurice Goldstein dans le débat suivant l'émission 1 à la RTBF (Les petits dictateurs) le 29 mars 1984

[105] Odon BOUCQ, La première émission, op. cit.

[106] Les [206] lettres sur L’Ordre nouveau conservées au Centre sont classées sous la cote W18. (En rapport avec: les prisonniers de guerre: 100 - Degrelle: 11 - Henri De Man - les journaux : 30 - l'Eglise : 13 - Robert Poulet : 8 - La question royale : 17 - divers : 28). La RTBF à offert au Centre la totalité de la correspondance reçue à l'occasion l'émission. De plus, j'ai trouvé [75] lettres classées dans une farde à la BRT. Il s'agit de la correspondance du public francophone adressée personnellement à Maurice De Wilde ou à la BRT, et qui n'a jamais été transmise à la RTBF. La BRT n'a pas pu me fournir les lettres qu'elle a reçues après la première diffusion de la série.

[107]  Lettre d'Emma Denis à Maurice De Wilde, Bouillon, sd - Malheureusement il s'agit de considérations générales sur la Seconde guerre et n'apportent pas de renseignements intéressants. Parfois même la BRT/RTBF reçoit des lettres de paranoïaques ou d'associations et d'individus demandant à Maurice De Wilde de les aider à obtenir une pension ou d'intercéder en leur  faveur jusqu'auprès du Roi.

[108] Cette question aura pour conséquence une étrange «passe d'arme» entre Maurice De Wilde et Pierre Devos. Ce dernier prend immédiatement la parole après la question : « Je trouve qu'il est facilement approchable, je suis allé le voir  moi aussi il y a quatre ans, je lui ai s... , j'étais à Madrid ,je suis tombé sur son n°  de téléphone, j'ai téléphoné ». Maurice De Wilde lui répondra «Oui, mais en somme, Pierre De Vos vous pourriez aussi bien que moi répondre à cette question; mais vous ne répondez qu'à la première partie, parce qu'il y a encore eu une deuxième question:<...>  Ses moyens de subsistance. Etant donné que vous l'avez vu ». Pierre Devos: « moi je n'ai pas vu ses moyens »  Maurice De Wilde rit. Pierre Devos: «Non, je l'ai vu installé ». Et on ne parla plus des contacts entre Pierre Devos et Léon Degrelle

[109] Au débat final de la RTBF, Albert Dejonghe essaye de se lancer dans une longue réponse mais il est sans cesse interrompu par Pierre Devos. Finalement il n'ira pas au bout de son explication et c'est Jean Stengers qui conclura « Je crois que l'on peut reprendre l'expression de M. Perrin: dans le premier cas Degrelle faisait courir un très grand risque à ceux qu'il faisait arrêter et dans le second cas il demande l'exécution de plusieurs dizaines d'otages» - Albert DEJONGHE a publié sur ce sujet La lutte Himmler-Reeder pour la nomination d'un H.SSP.F à Bruxelles-Cinquième partie Salzbourg avant et après-Evolution policière de septembre 1943 à la fin de l'occupation, et plus particulièrement un important Excursus sur Degrelle et les événements de Bouillon en Juillet 1944 dans Cahier d'histoire de la seconde guerre mondiale, n° 8, Bruxelles, CREHSGM, octobre 1984, p. 153-163.

[110] Lettre de M. Degaive à Maurice De Wilde, Bois de Lessines, 10 avril 1984 - Lettre d'Emile Deprez à Maurice De Wilde, Seneffe, 9 décembre 1984 - Débat final RTBF (intervention de Jacques Cogniaux au débat final RTBF), 20 décembre 1984. - L'accusation est beaucoup plus perceptible dans la lettre de ce rexiste (vraisemblablement ancien de la Légion Wallonie) : «Quand on compte les gens qui sont morts parce que Degrelle est devenu le chef d'un parti dissident, ce qui par la suite le pousse dans La Collaboration, n'aurait-il pas mieux valu, qu'au lieu de l'expulser, le parti catholique de 1935 lui laisse l'occasion de tenter sa chance dans ses rangs ? Le parti catholique l'a t’il expulsé pour cause de déviation doctrinale ou pour cause de mauvaise conduite ? » Une autre lettre anonyme envoyée et publiée dans La Libre Belgique est  du même avis : «Au lieu d'obtenir quelques places sur les listes que le parti catholique préparait pour les élections de 1936, Degrelle et ses amis ont été expulsés par le parti <...> Degrelle aurait-il viré vers extrême droite si la droite traditionnelle ne l'avait pas rejeté? » Cette idée, exprimée avec rancoeur et amertume, semble être commune aux rexistes qui ont écrit après L’Ordre nouveau­.
* Pourquoi et comment Degrelle a mal tourné dans La Libre Belgique, 24 mai 1984.

[111] Maurice GOLDSTEIN : Président du Comité international d'Auschwitz [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[112] Intervention de M. Golstein au débat RTBF qui suivait l'émission 1 : Les petits dictateurs (29 mars 1984) et dans le Débat final-RTBF, (20 décembre 1984). - Il ajoutera : «notre première idée était : c'était lui faire trop d'honneur <...> Oui une interview ça nous gênait, un procès non;» et il considère que l'interview de Léon Degrelle par Maurice De Wilde en est un.

[113]  Yannis THANASSEKOS ( 17juin 1945): docteur en sociologie politique (Nancy, diplômé d'études supérieures européennes, directeur de la Fondation Auschwitz (depuis 1985), collaborateur de l'institut de sociologie de l'ULB (depuis 1983 ), chargé de cours à l'Institut d'urbanisme et de rénovation urbaine de Bruxelles (depuis 1983), collabora­teur (sciences politiques et sociales) au Monde diplomatique, à  Contradiction, membre de  la rédaction de la revue Critique Politique, il collabore avec Hubert Galle et Christian Mesnil, auteur du docu­mentaire La Question Royale en 1975, du film  Du Zaïre au Congo en 1982. Il a publié : H. GALLE, Y. THANES­SEKOS, Le Congo de la Découverte à l'indépendance, Bruxelles, Collet, 1983. - H. GALLE, YANNIS THANASSEKOS, La Résistance en Belgique (1940-1945), Bruxelles, Collet, 1979. - H.GALLE, YANNIS THANASSEKOS, L’Architecture de la raison ou les déraisons de l'archi­tecture neo-rationelle, Bruxelles, Collet, 1984. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
*  Entretien téléphonique avec Yannis Thanassekos, 8 juillet 1987.

[114] FONDATION AUSCHWITZ : créée en 1980 par l'Amicale des anciens prisonniers politiques d’Auschwitz-Birkenau (créée en 1945), dispose d'une bibliothèque de plusieurs milliers d'ouvrages et d'un centre d'étude et de documentation­ créé en 1985, actuellement abritée par les Archives de la ville de Bruxelles (65 rue des tanneurs). Elle étudie l'univers concentrationnaire et les sujets annexes (résistance, collaboration). Elle s'intéresse donc «à la période 1914-1945 en essayant de déterminer quels sont les éléments sociaux et politiques qui ont abouti au paroxysme du génocide». Chaque année elle décerne le «Prix Fondation Auschwitz» (d'une valeur de 50000 francs) pour une oeuvre originale (mémoire de licence ou doctorat) en relation avec l'univers concentrationnaire ou un sujet annexe. Elle est membre du Comité international d'Auschwitz. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[115] «1) Les programmes seraient d'un caractère strictement scientifique. Un Commission consultative d'historiens y veillerait (argument d'objectivité) - 2) Des juristes éminents auraient donné l'assurance que l'émission de l'inter­view de Degrelle n'était pas en contradiction avec l'article 123 sexies du Code pénal (argument juridique) - 3) Degrelle serait soumis à une interrogation très critique (argument politique). A l'époque, ces arguments n'avaient  pas convaincu tout le monde, loin s'en faut».
* YANNIS THANASSEKOS, Objectivité et critique à nouveau contre Degrelle dans Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, n° 5, mai 1984, p. 44.

[116] YANNIS THANASSEKOS, Objectivité et critique. A nouveau contre Degrelle dans Bulletin trimestriel de la Fondation Auschwitz, n° 5, Bruxelles, mai 1984, p.45-47.

[117] Hebdomadaire du Centre communautaire laïc juif, Bruxelles, 52 rue Hôtel des Monnaies - Il est sensé représenter l'opinion d'une grande part de la communauté juive de Belgique.

[118] MAURICE EINHOR, «De Nieuwe Orde» à la BRT dans Regard, 12 mars 1982.

[119x] Voir chapitre consacré à la FNAPG

[120] Illégal, inconvenant et scandaleux, le BRT donne le petit écran à Degrelle dans Le Prisonnier de guerre, Bruxelles, FNAPG, avril 1982, p. 6 - Ignoble et scandaleux. Comment Degrelle essayait de recruter des SS parmi les PG dans Le Prisonnier de guerre, Bruxelles, FNAPG, mai 1982, p. 1 et 5.

[121] Degrelle à la RTB ? dans Le Prisonnier de guerre, Bruxelles, juillet-août 1982, p. 1

[122] Albert HUBERT (17 juillet 1917) : pseudonyme occasionnel Jean de la Hure. Commissaire provincial au rapatriement pour le Luxembourg, profondément royaliste il est le chef de la Fraternelle des chasseurs ardennais qui a remis au Roi Léopold un béret vert d'honneur (en décembre 1947). Président national des Chasseurs ardennais, directeur-rédacteur en chef du Chasseur ardennais, directeur du département «presse et publication» à l'office Belge du commerce extérieur. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Qui est qui en Belgique francophone, op. cit., p. 467 - FRANCIS BALACE, C. DUPONT, Les anciens et le Roi. Facteur   de cohésion et de divergence 1945-1950 dans Centre de recherches et d'études historiques de la Seconde guerre mondiale­, n° 9, Bruxelles, CREHSGM, octobre 1985, p. 39-54.

[123] Fraternelle des chasseurs ardennais : regroupe les militaires ayant appartenu entre le 9 et le 28 mai 1940 à la première et deuxième division de Chasseurs ardennais (membres effectifs), et les militaires ayant appartenus à ces unités hors des dates précitées (membres adhérents). [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]

[124] Albert HUBERT, Communication du président. «Nieuwe Orde» dans Le Chasseur ardennais, n° 130, Bruxelles, Fraternelle des Chasseurs ardennais (59 rue Gabrielle), 2e trimestre 1982, p. 3. - L'hostilité d'Albert Hubert vis  à vis de nos instituts de radio télévision est habituelle. Par exemple : «Le Pourquoi pas ? Suggérait récemment pour faire pièce aux autocollants, «J'écoute la RTBF» qu'on en diffuse avec le texte «Je n'écoute pas la RTBF». D'accord mais cela nous paraît un peu timide. On pourrait par exemple écrire «je vomis la RTB « ou «Il faut supprimer RTB « il va plus loin : «durant la deuxième guerre, les émissions françaises répétaient 10 fois par jours «radio-Paris ment, radio Paris ment. On pourrait en faire un pastiche. Par exemple «La RTB  ment, la RTB  ment faut foutre le feu dedans» ou encore «faut la mettre à l'encrant» ou bien «la RTB  c'est du vent» un concours est ouvert:premier prix, un portrait non dédicacé de mister Wang» ou «Le comportement de la RTB  lors du décès de Léopold a évidement été de la couleur de cette institution officielle qui pratique impunément et misérablement le désinformation et joint l'impudence à la mauvaise fois. Ces salopards, il n'y a pas d'autres termes pour les qualifier <...> »
* ALBERT HUBERT, Odieuse RTB - Delenda RTB  dans Le Chasseur Ardennais, n° 135, Bruxelles, 3e trimestre 1983, p. 4

[125] La section de Couillet fait parvenir à Robert Wangermée une lettre ouverte où elle reproche que l'on «donne la parole surtout sans critique, ni contrepartie à des personnages condamnés par la justice de notre pays et réfugiés à l'étranger».
* Lettre ouverte rédigée en la Fête nationale à monsieur Wangermée, administrateur général de la RTBF dans Le Prisonnier de guerre, Bruxelles, septembre 1982.

[126] L'opinion des prisonniers de guerre. «L'apparition de Degrelle et de traîtres à la télévision est un scandale»­ dans Le Peuple, Gosselies, 30 mars 1984.

[127] Interview de Georges Tassignon réalisée le jeudi 18 décembre 1986 (9h30-10h45) au siège de la FNAPG (76 avenue de Stalingrad)

[128] Marcel SONNEVILLE (1913) : Membre du bureau du parti socialiste clandestin ancien du bureau du Front de l'indépen­dance, il sera Administrateur général de l'Office national de sécurité sociale.

[129] Odon BOUCQ, Pourquoi ne pas parler de la résistance ? Le mouscronnois Marcel Sonneville, ancien du bureau du Front de l'Indépendance, après la secondé émission dur L’Ordre nouveau : oui à Maurice De Wilde, mais ... [interview de M. Sonneville] dans Nord-Eclair, Mouscron, 7 avril 1984.

[130] Le FI de Huy-Waremme et la RTBF dans Vers l’avenir, Namur, 23 mai 1984.

[131] Antoinette SPAAK (27 juin 1928) : candidate en philosophie et lettres (ULB), entrée au FDF en 1973,   elle est présidente du parti (de 1978 à 1983), député au Parlement européen depuis 1979, elle est conseiller communal d'Ixelles. [Biographie au 31/8/1987 – Nouvelles biographies dans ma thèse]
* Interview d'Antoinette Spaak réalisée le 17 janvier 1987 de 14 à 14h30 au Centre d'étude Jacques Georgin 127 chaussée de Charleroi,1060 Bruxelles. - Qui est qui en Belgique francophone, op. cit., p. 803 - Le Dictionnaire des Belges, op. cit.,.

[132] Script de l'émission n°  5 (Le Gouvernement de l'errance) diffusée par la RTBF le 26 avril 1984,       p.28

[133] Après la diffusion de l'épisode à la BRT Madame Spaak a «contacté des magistrats qui m'ont dit qu'on ne pouvait pas laisser dire n'importe quoi par Degrelle, d'autant plus que les gens qui écoutent sont près à le croire puisqu'il n'y a pas de démenti, et alors j'ai téléphoné à Maurice De Wilde pour lui demander immédiatement de venir chez moi, ce qu'il a fait. <...> J'ai eu le sentiment dans un premier temps, qu’il croyait que je voulais faire un coup politique par un témoignage à la télévision, et quand je lui ai dit «pas du tout, je ne veux pas paraître à la télévision mais que je voulais un texte très sec en rappelant ce qu'était Degrelle, combien son témoignage était sujet à caution parce qu'il est vraiment la haine faite homme». Que je ne pourrais pas supporter sur un plan de piété filiale, de supporter que l'on parle de ma mère comme cela. Maurice De Wilde à lui-même renforcé mon projet de texte et ça c'est passé de façon tout à fait correcte au plan de la protestation, même si elle estime que du côté RTBF : «qu'on n'avait plu ma lettre mais qu'il y avait eu des commentaires de m. Devos qui étaient un petit peu ... comment dirais je ... en disant que j'avais écrit en flamand, vous savez qui n'avait rien avoir avec le fond».
* Interview d' Antoinette Spaak, op. cit.

[134] Lecture du droit de réponse d'Antoinette Spaak par Pierre Devos, au débat RTBF suivant l'émission n° 6            (Le Temps des erreurs) - Mais le droit de réponse mis au point par Maurice De Wilde et Antoinette Spaak est légèrement différent : «La BRT a pris la responsabilité de diffuser les propos de Léon Degrelle, individu condamné à mort.   Il n'est pas tolérable que celui-ci puisse, par des propos calomnieux, mettre en cause la probité et l'honneur de personnes disparues, comme le dit madame Spaak. C'est ce qui a été fait vendredi Soir à propos de M. P.E. Janson mort  en camps de concentrati­on, et de mon père et de ma mère. Or à propos des séquences consacrées à ces personnes, Madame  Spaak regrette que la BRT ne soit intervenue à ce moment, pour rappeler une fois encore la valeur tout à fait contestable du témoignage d'un individu coupable de tant de forfaits et animé d'une haine méprisable». ou bien une seconde version était possible :»Hors à propos des séquences consacrées à ces personnes, madame Spaak proteste avec indignation contre le témoignage d'un individu coupable de tant de forfaits et animé d'une haine méprisable».
* Brouillon et mise au propre du droit de réponse d'Antoinette Spaak, trouvé chez Maurice De Wilde, mis au point en Français par Maurice De Wilde et Antoinette Spaak, contrairement à ce qu'affirme de façon nébuleuse et contradictoire Pierre Devos après la lecture du droit de réponse : «
Voila pour cette mise au point, mais j'en profite pour présenter nos excuses à madame Spaak, le texte de la lettre que nous venons de lire est en effet une traduction du texte néerlandais diffusé par la BRT, une lettre de  madame Spaak traduite en flamand ça a quelque chose d'assez piquant, mais nous n'avons pas pu procéder autrement».

[135] Bernadette Schmitz et Christian Ubango-Libro, Lettre de la régionale de Liège du MCP à Maurice De Wilde, Liège, 22 mars 1984. Comme Yannis Thanassekos, le MCP conclu : «La démocratie doit quelque fois avoir le courage de  ne pas donner la parole à ceux qui ne la respectent pas et la méprisent».

[136] Lettre de M. Denis à Maurice De Wilde, Bruxelles, 31 mars 1984, p. 1

[137] Lettre de Madame LAURENT à l'équipe de L’Ordre nouveau, Marcinelle, le 15 avril 1984, p. 2

[138] WILLIAM UGEUX, Après les dix-huit émissions sur L’Ordre nouveau, op. cit., p.55

[139] Lettre anonyme envoyée à Maurice De Wilde [réflexions à propos, autour et alentour et à côté des émissions télévisées sur L’Ordre nouveau], sl, sd

[140] On retrouve exactement la même idée dans la question posée sur Degrelle et le Parti catholique au débat final RTBF (voir la note n° 106)

[141] Lettre d' H. Philippet à Maurice De Wilde, Liers, 2 août 1983. Il déclinera l'invitation de Maurice De Wilde à partici­per à un débat car «vous [Maurice De Wilde] n'obtiendrez jamais la présence devant vos caméras d'anciens volontaires wallons qui ont quelque chose à défendre et à préserver dans la société wallonne de 1983, qu'il s'agisse de   leurs biens, de leur situation, de leur famille ou de leurs amis» Il insiste «notre abstention ne provient pas d'un quelconque replis sur nous-même, ni d'une accumulation de complexes de culpabilité. Au contraire, nous crevons littéralement de n'avoir jamais pu nous expliquer». Il ne regrette rien mais il a peur comme Jules Mathieux : «Il est hors de question pour moi de paraître à la télévision. Si j'étais né flamand (ce que je regrette souvent quand je constate l'attitude toujours haineuse des Wallons à notre égard) ou si comme mon grand ami le major Franz Hellebaut j'habitais en terre flamande, Il n'y aurait pas de problèmes. Après 30 ans de séjour à Bruxelles, je suis venu vivre à Pessoux, qui vous le savez probablement a beaucoup souffert lors de l'offensive Von Rundstedt. Si j’acceptais votre proposition, je n'aurais plus qu’à quitter le village, on m'y ferait la vie impossible. J'ai 73 ans, je  ne peux pas risquer cela. D'un autre côté, mon fils et ma belle fille enseignent à Ciney, je leur ferais un tort considérable »
* Lettre de Jules Mathieu à Maurice De Wilde, Pessoux, 3 août 1983.

[142] Lettre de Georges GILSOUl à Maurice De Wilde, 8 octobre 1984.

[143] Lettre anonyme envoyée à Maurice De Wilde, signée «un Belge déjà âgé qui plaint les jeunes et je serai dans la salle», sl, sd

[144] George GILSOUL, Je suis devenu apolitique (courrier des lecteurs dans Le Vif magazine, 31 mai 1984.

[145] J.P. SERVAIS, Quarante ans après (courrier des lecteurs) dans Le Vif Magazine, 31 mai 1984.