Projet cours d'histoire sur CD-Rom


Chez nous à Mater Dei, dans la foulée des articles SIR sur l’usage pédagogique des nouvelles technologies … le projet « Cours d'histoire sur CD-Rom »
dans SIR, n° 88, Woluwé-Saint-Pierre, 24 novembre 1999, pp. 18-24


Ces quelques lignes, publiées dans le « journal d’entreprise » du lysée, dressent le bilan de deux projet réalisées par les classes d’histoire du lycée.


Attention, le contenu de ces textes représente la situation au moment de la redaction.



Origine et démarche

Le but du projet était de faire créer par les étudiants de 4ème, 5ème et 6ème un CD-Rom en utilisant, à la fois pour la recherche des sources (sources proprement dites et travaux « textes », iconographie, enquête) et pour la réalisation technique, tous les moyens contemporains d'information mis à la disposition de notre école. Le CD-Rom (cahier commun ou manuel d’histoire ?) serait l'aboutissement du travail de tous les groupes, de toutes les classes et serait distribué en fin d'année à tous les participants au projet. Tout, du début à la fin du travail a été pris en main par l'un ou l'autre groupe d'étudiants.

S'il était convenu au départ que nous utiliserions Internet surtout comme une super bibliothèque, quelques groupes voulu réaliser des travaux plus pointus sur ce média en le transformant en OBJET d'étude. D’autres ont mis au point des enquêtes complémentaires sur la vision de l'histoire chez les plus jeunes. Ces travaux exceptionnels seront bientôt mis en ligne sur le site Internet de l'école


Moyens techniques - Ouvertures humaines

Si depuis de nombreuses années, l'école possédait un équipement informatique et testait régulièrement les nouvelles technologies, ce projet est arrivé à un moment où un effort particulier dans l'équipement coïncidait avec la popularisation croissante des moyens d'information contemporains.

Déjà l'an dernier, le projet Quarantième anniversaire avait permis à de nombreux étudiants de se familiariser avec les techniques de recherche et surtout avec les nouveaux moyens de publication. Rapidement, nous nous sommes rendu compte qu'il était nécessaire pour sauvegarder les traces disparates de notre passé, au-delà du traditionnel syllabus, de publier l'histoire de notre Lycée sur CD-Rom en langage html. La chance a voulu que j'aie retrouvé l'année suivante, le groupe d'étudiant qui avait pris en main cette rédaction.

Le reconditionnement d'ancien matériel et quelques achats judicieux nous avaient offert un outil informatique, certes limité, mais suffisant pour ce projet : une salle Multimédia-Internet équipée d'un PC très performant, d'un magnétoscope et d'un projecteur grand écran qui servira essentiellement à l'écolage ; une salle informatique entièrement branchée sur Internet (8 PC) qui sera au cœur de notre travail ; quelques PC éparpillés dans la salle des professeurs ou à la bibliothèque qui seront, en période de pointe, d'un appoint précieux. Les quelques PC particulièrement liés à la classe-atelier de 3ème socio-éducative, ne seront utilisés qu'en d'exceptionnelles circonstances. Tout ce matériel est relié en réseau (merci Jan).

Enfin, la proposition d'attribution d'une ligne RNIS, née de l'accord Communauté française - Belgacom (moins coûteuse que les tarifs classiques mais pas gratuite, loin de là) est arrivée au moment où la Communauté par Restode devenait « provider » des écoles. Cette situation permet enfin à notre Lycée d'avoir un accès efficace à Internet.


Cadre chronologique et technique (les contraintes)

La principale contrainte était de suivre le plus près possible le programme d'histoire de chaque classe. L'organisation que nous avons alors choisie a transformé la contrainte en avantage. Chaque classe prenait en charge la partie de l'histoire habituellement étudiée (les 4ème la période allant du début du moyen Age à la fin des temps-modernes, les 5ème le 19ème siècle, les 6ème le 20ème siècle). Au sein de chaque classe, nous avons divisé la chronologie en 4 moments (correspondants aux 4 périodes de l'année). Pour chaque moment, la classe était divisée en groupes de deux ou trois étudiants qui prenaient en charge un thème s’inscrivant dans ce moment.

Une série d'obligations, liées à la particularité technique du projet ont été ajoutées à ces contraintes chronologiques. Tous les travaux intermédiaires (au moins 4 par étudiants - groupes) devaient être rendus sous la forme de fichiers informatiques standards stockés sur disquettes puis compilés avant traitement par le « groupe final de travail ». Avec le temps, de plus en plus d'étudiants ont envoyé directement leurs travaux au professeur par fichiers liés au courrier électronique. Cette méthode s'est avérée plus efficace et s'est généralisée à la fin du projet.

Les dernières contraintes étaient liées à l'usage d'Internet : obligation d'apprendre la manipulation précise des navigateurs et particulièrement de Netscape, peu connu des étudiants, obligation d'apprendre à manipuler efficacement quelques portails sans se contenter de Yahoo en français, obligation pour tous de prendre une adresse E-Mail qui pouvait être utilisée pour les communications liées au travail mais aussi pour des contacts personnels (jamais le professeur ou l'école n'ont eu accès à ce courrier). A ce propos, ce sont surtout les étudiants du « groupe final de travail » qui ont utilisé abondamment le courrier électronique. En effet, travaillant surtout à domicile, ces étudiants devaient communiquer souvent entre-eux. Systématiquement, copie de tout le courrier était envoyée à tous les membres du groupe et au professeur qui pouvait «y mettre son grain de sel ». Certains jours, plusieurs dizaines de messages étaient ainsi échangés. Nous avons gagné alors un temps précieux.


Evaluation - formation

Comme l'exercice de l'année précédente, le problème de l'évaluation s'est posé. Il était impossible de pratiquer pour un projet sortant de l'ordinaire, une évaluation ordinaire. Il fut alors proposé aux étudiants une évaluation globale en fin d'exercice (le projet arrivant à son terme, tout le monde obtient une réussite). Les examens traditionnels furent suspendus, comme les contrôles de synthèse et les fiches de lecture. En effet, le travail demandé aux étudiants était beaucoup plus important que lors d'une année traditionnelle. Il fallait néanmoins prévoir l'échec du projet et/ou l'échec d'une étape du travail dans l'un ou l'autre groupe. Pour la première hypothèse, il était alors prévu une évaluation par groupe (ou individuelle), ce qui était possible puisque le professeur compilait, lisait et évaluait tous les travaux. Cette première hypothèse ne s'est pas présentée contrairement à la seconde. Il est arrivé que certains groupes ratent totalement leur travail (certains par une mauvaise méthode et par une inhibition qui les empêchait de contacter le professeur pour résoudre le problème, certains par pure indolence). Une simple constatation d'échec par une cotation négative n'était pas souhaitable. Outre le fait qu'elle n'apportait rien à l'étudiant, elle mettait en péril l'ensemble du projet. Il était alors proposé au groupe en situation d'échec de recommencer leur exercice, en plus de l'exercice suivant. Lourd quant au travail demandé, beaucoup l'ont pris comme un véritable challenge et tous l'ont réussi. La première version du travail était oubliée et la cote « rayée des tablettes ». A la fin de l'année tous les travaux ont donc été réussis. On peut alors parler de réussite globale qui cache en fait une multitude de réussites personnelles.


Problèmes et solutions (la pratique quotidienne)

Ainsi posé, le projet laissait supposer une série de problèmes qui n'ont pas manqué de se présenter.

- La gestion des groupes et du temps : principale tâche de l'enseignant, il s'est révélé impossible de prévoir une structure de travail stricte, à part la date de remise de chaque travail. Il a donc fallu adapter la gestion du temps de chaque groupe semaines après semaines en mettant la pression sur tel ou tel groupe ou en freinant l'enthousiasme d'autres étudiants. Globalement (et miraculeusement) les étudiants ont, à part l'une ou l'autre exception, remis les travaux à temps.

- La gestion de l'espace : le travail était éparpillé sur au moins deux sites, ce qui rendait la gestion des groupes tout aussi compliquée. Un véritable partenariat a du être élaboré avec la bibliothécaire de l'école, pour le travail et pour la surveillance.

D'autres problèmes, parfois surprenants sont apparus avec le temps.

- Le plus surprenant est apparu dès les semaines qui ont précédé la remise du premier travail intermédiaire. Un petit sondage nous avait permis de constater que plus de 2/3 des étudiants disposaient chez eux de matériel informatique, même simple, qui leur permettait d'encoder le résultat de leurs recherches. Fort de cette constatation, et en concertation avec les étudiants, il avait été décidé que ceux qui le pouvaient rendraient un travail encodé chez eux pour laisser aux autres l'accès au matériel de l'école qui, sinon, risquait d'être engorgé. Malheureusement à l'usage nous nous sommes rendu compte que si beaucoup d'étudiants possédaient du matériel parfois performant, peu savaient réellement l'utiliser. Voici en vrac quelques problèmes rencontrés : méconnaissance de leurs softwares y compris le traitement de texte, très mauvaise connaissance de Windows et des fonctions de base simples, matériel très mal configuré rendant parfois impossible l'usage des périphériques de stockage ou d'acquisition, disque dur non entretenu, plantages réguliers, archives laissées sur le disque dur et pas sur un support extérieur, remise de disquettes même pas formatées... . Dans un premier temps nous avons cru à des prétextes permettant de gagner du temps mais la suite nous a donné tort. En effet, nous avons rediscuté des pré-requis informatiques puis divisé les étudiants en trois groupes (expérimentés, moyens, inexpérimentés). Pendant deux ou trois leçons les expérimentés ont pris en main les moyens et le professeur les inexpérimentés. L'effet fut immédiat et cette méthode a très nettement amélioré la situation jusqu'à atteindre la perfection pour les troisièmes et quatrièmes étapes du travail.

- Plus préoccupant était le manque de matière sur Internet. Rappelons que nous décrivons une situation allant de septembre 1998 à juin 1999 et que beaucoup de choses ont changé dans ce domaine depuis un an. Naïvement, nous avons cru pouvoir trouver sur Internet sources écrites, travaux scientifiques et iconographies nombreux. Malheureusement il s'est avéré rapidement que la superbe publicité pour IBM où un vieil homme prétend à sa petite fille qu'il a réalisé sa thèse en se servant uniquement d'Internet ou que la notion de « bibliothèque mondiale » était une illusion. En effet s'il est possible de consulter (et cela justifierait seul l'existence d'Internet) les catalogues d'à peu près toutes les bibliothèques universitaires ou scientifiques belges et étrangères il existait peu de sources et de travaux en ligne. A quelques notables exceptions près Internet fut donc une formidable banque d'images qui ont illustré des travaux aux sources plus classiques (livres).

- Liée au problème précédent la méthode de travail a dû être également totalement remaniée. A priori, le projet initial prévoyait qu'Internet serait presque notre seule source, malheureusement nous nous sommes rendu compte que le réseau n'était utilisable que si nous avions une idée précise de ce que nous cherchions et un plan de chapitre extrêmement rigoureux. Dès la troisième semaine de travail, l'évidence apparut à tous : il fallait revenir à une méthode rigoureuse car les étudiants passaient un temps trop important à se promener de manière aléatoire d'un site à l'autre. Un « brain trust » salutaire eut lieu et il fut décidé de commun accord de continuer la méthode ancienne pour la première partie du travail trop avancé et de mettre au point une autre méthode dès la seconde étape : recherche d'une ou deux semaines en bibliothèque permettant de défricher le terrain (qui, quoi, quand) et de rédiger un plan ou déjà un court résumé, si le sujet s'y prête scission du groupe entre les chercheurs de sources et les chercheurs de travaux, sinon, et pour tout le monde, recherche d'iconographie. Cette méthode s'est révélée très efficace car elle supprimait une bonne part de l'incertitude en montrant dès la première semaine si le sujet choisi était réalisable.

- Dans un premier temps, outre les contraintes déjà expliquées plus haut, le choix des sujets traités était laissé au libre arbitre des étudiants. Malheureusement, ceux-ci se sont précipités sur des sujets "bateaux" ou uniquement attachés à la vie quotidienne des hommes du passé. Si la seconde tendance est assez parallèle à celle de l'historiographie des 30 dernières années, elle ne permet pas de traiter une période dans sa diversité. C'est pourquoi nous avons, toujours après un efficace "brain trust", décidé d’une répartition ménageant les désirs d'histoire quotidienne des étudiants et le désir de variété du projet défendu par le professeur : le choix des sujets de la première et troisième étape serait totalement libre, le choix des sujets de la seconde et quatrième étape serait "orienté" par le professeur. Finalement cette décision « chèvre-choutiste » s'est révélée payante, d'autant que l'orientation donnée par le professeur n'était pas autoritaire (sauf pour l'un ou l'autre sujet) car la liste des sujets proposés était vaste et distribuée sous forme « d'enchères américaines » (si, si, ça marche !).

- Totalement indépendant de notre volonté fut l'extrême instabilité de la liaison. Quand ce n'était pas une interruption venant de Belgacom, c'était le « provider » qui se révélait déficient (La Communauté semble avoir lancé fin août son action dans la précipitation). Au début du projet, nous fûmes à deux doigts de l'abandon par KO technique (parfois plus de 50% du temps bloqué). Heureusement, la situation s'est fortement améliorée dans le courant du mois d'octobre. Je crois que ces incidents révèlent un problème qui peut dans l'avenir se révéler aussi capital pour les établissements scolaires qu'il ne l'est maintenant pour les entreprises privées : le choix des fournisseurs en communication et surtout la possibilité d'assurer la permanence des services, les plus performants et les moins chers possibles.

- Comme pour les travaux traditionnels nous avons été confrontés au problème du plagiat mais sur une échelle plus grande. En effet, dans un travail écrit, il est rare qu'un étudiant plagie entièrement une source. Par simple économie d'efforts, il résume, mélange, adapte et finalement on se retrouve avec un travail plus personnel qu'on ne le pensait au départ. Par contre l'obligation de remettre un travail sous forme de fichier suscite l'usage abondant du copier-coller sans même faire un effort d'adaptation. Nous avons eu par exemple un étudiant qui nous a remis un travail entièrement récupéré sans transformation sur une encyclopédie sur CD-Rom où il avait même laissé la traditionnelle formule de copyright. L'explication au cours suivant fut orageuse …

- Comment répondre à ce problème ? Si bien sûr la technologie peut nous aider (il existe par exemple des programmes antiplagiat amusants, utilisez Google vous verrez), c'est essentiellement par la mise en garde et l'explication de ce qu'est un travail personnel qu'on peut amener l'étudiant à dépasser les documents qu'il utilise. Comme pour les TFE, où ce problème existe, je crois que la majorité des étudiants ne plagient pas par facilité, mais simplement parce qu'ils ont peur d'exprimer leurs idées souvent originales et cèdent à l'argument d'autorité («l'auteur ou le livre a raison, définitivement»). A ce propos le choix du projet peut aussi limiter le plagiat. Le projet « Quarantième anniversaire du Lycée » était tel que ce genre de problème ne s'est jamais présenté.

- Pour le professeur, un travail de ce type peut s'avérer très lourd car il faut non seulement être «en soutiens» aux étudiants pendant le cours (surtout au moment de la recherche et de la sélection des informations mais aussi en refaisant la recherche à leur côté pour leur montrer qu’il est possible de trouver et leur expliquer comment y arriver) mais faire ou refaire le travail chez soi. Il est indispensable de connaître la majorité des sites de référence et de trouver les perles souvent ignorées par les moteurs traditionnels. Il est illusoire de se lancer dans un tel projet sans envisager de passer 2 à 3 heures de recherches à domicile par jour. On arrive là au problème des coûts liés à ce genre de projet. Si les écoles disposent de communications forfaitaires, l'opération n'est pas étendue aux professeurs à domicile. Un effort d'information vers les décideurs devrait être fait dans ce sens. L'accès aux providers gratuits n'est qu'illusion car c'est le coût des communications téléphoniques qui freine l'usage d'Internet. D'autre part, il est impossible de faire une recherche sérieuse sans l'usage d'un service rapide (câble de télédistribution ou éventuellement RNIS). [l’ADSL n’est pas encore popularisé à cette époque]

- Toujours dans le même ordre d'idée, l'usage systématique de certaines encyclopédies sur CD-Rom peut parfois se révéler délicat. Outre le problème de critique que nous envisagerons plus loin, le marché (coût et puissance de vente) impose un ou deux produits qui, s'ils sont très agréables à regarder sont peu performants sinon mauvais (une encyclopédie affirme par exemple qu'en Belgique 70% de la population est protestante ! …). La majorité des encyclopédies sur CD-Rom grand public peuvent convenir pour les étudiants du premier degré, moins pour les autres. Malheureusement les Universalis ou Britanica sont inabordables pour la majorité de nos étudiants.

- Un autre problème que l'on retrouve dans les travaux traditionnels a dû être réglé avec vigueur. Plus encore qu'avec une source traditionnelle, les étudiants avaient tendance à ne pas citer leurs sources Internet. Le professeur a dû (pour la seule fois) faire preuve d'autorité stricte, voire d'autoritarisme. En effet, si dès le départ il était évident que les sources devaient être citées, à l'usage, peu de sites étaient correctement référencés par les étudiants. L'obligation de donner des références complètes fut rappelée dès le second travail sous peine de devoir recommencer l'exercice. Les étudiants l'ont bien compris quoique le fait de devoir rajouter un élément temporel et « codé » à une forme bibliographique traditionnelle les ait perturbés (un site Internet est par essence volatil, il faut donc en plus de son titre traditionnel ajouter l'adresse http et la date de consultation).

- Au début, il était prévu que seuls deux ou trois étudiants se chargeraient de la réalisation pratique du CD-Rom (essentiellement la transformation de fichier de formats divers en langage html correctement présenté). En effet, nous avons parmi nos élèves quelques mordus d'informatique aux compétences déjà affirmées. Il était évident qu'ils devaient se faire seconder dès le mois de décembre par l'un ou l'autre volontaires déchargés eux-aussi à ce moment de la réalisation des chapitres proprement dits. A l'usage, ce petit groupe fut vite dépassé et appela au secours. Nous dûmes rapidement doubler les effectifs et ils ne remirent le produit fini que quelques heures avant la gravure. Pendant 48 heures, les E-Mail et les GSM ont chauffé. Mais le résultat en vaut la peine


Quelques problèmes attendus ou craints furent absents de l'exercice.

- L'un des premiers arguments de la Communauté pour rassurer les parents quant à l'usage d'Internet fut la mise en place d'un filtre. Bien qu'incomplet il semble assez efficace, surtout pour les arrivées accidentelles sur ces sites. Ce proxis a très peu servi, bien moins en tout cas qu'on aurait pu le craindre. Les étudiants se sont montrés extrêmement professionnels dans l'usage d'Internet, bien que de temps en temps l'une ou l'autre page ouverte aie peu de rapport avec le travail effectué (tout en restant parfaitement honnête).

- On pouvait craindre que certains étudiants se cachent dans un groupe pour échapper au travail ou que les classes se lassent de l'exercice assez rapidement. Il n'en fut heureusement rien. Si pour la première hypothèse quelques cas se présentèrent, ils furent rapidement identifiés et remis au travail. Pour la seconde hypothèse, la variété des sujets et la grandeur du champ d'investigation faisaient que tout le monde trouvait un sujet proche de ses préoccupations ou de ses centres d'intérêt.

Enfin quelques difficultés ne purent être résolues, essentiellement par manque de temps. Une mise au point extérieure de dernière minute nous obligea à effectuer un travail important qui amputa avec un préavis de 2 semaines, le projet de 4 semaines de travail. Si cet évènement fut sans doute administrativement nécessaire, il nous a empêché de mettre au point certains chapitres plus faibles, de corriger le style et l'orthographe et de « muscler » l'iconographie et la bibliographie. Ce qui fait que le travail semble, à juste titre « brut de décoffrage ». Plus difficile à avaler est le manque de critique historique appliquée aux sites consultés. Je reconnais que cet aspect du travail a été laissé quelque peu à l'arrière plan, bien que beaucoup de sites farfelus ou critiquables aient été écartés. Quelques groupes d'étudiants se sont appliqués à analyser néanmoins la valeur de sites internet. L'an prochain, un effort devra être fait dans ce sens.


Conclusion

Globalement le projet fut une réussite. Tous les objectifs de départ furent atteints et même dépassés : toutes les périodes de l’histoire furent étudiées comme une bonne partie des thèmes traditionnels du cours, une génération d'étudiants maîtrise bien à la fois Internet et ses annexes comme le courrier électronique mais aussi les outils informatiques qui leur sont utiles dans l'enseignement supérieur, tous les participants au projet ont dû apprendre, maîtriser et développer leurs capacités de synthèse et d'analyse. Bref, nous avons par ce projet développé essentiellement les savoir-faire sans négliger les savoirs.

Au-delà de ces acquis le projet eut des conséquences encore plus intéressantes. D'abord il a permis à trois niveaux d'étudiants (de la 4ème à la 6ème , soit de 15 à 18 ans) de travailler ensemble pendant un an à un même projet, avec le même matériel, avec le même but : quelles que soient les difficultés, il faut arriver à terminer. Cet acquis leur sera sans doute précieux dans le monde professionnel. Ensuite, il a montré qu'il est possible de laisser une grande autonomie à l'étudiant. Il reste maître de sa démarche puisque seul est jugé le produit fini. Le professeur est alors une personne ressource utilisable à tout moment du travail. Enfin, il a permis de se rendre compte qu'il était possible et même simple de mettre Internet et le matériel informatique au service d'un projet de sciences-humaines, comme on pourrait le faire dans d'autres branches. La démystification est ici totale puisqu'il semble que plus personne dans l'école ne doute de l'intérêt d'utiliser ces outils.

Je crois que le fait de travailler pour produire quelque chose, ici un CD-Rom, est beaucoup plus gratifiant pour l'étudiant qu'une étude éthérée. Si ce projet a surtout utilisé des travaux, le projet de l'année précédente, semblable dans sa démarche utilisait essentiellement des sources brutes. Je crois donc qu'il est possible, comme l'ont parfois fait certains séminaires universitaires d'histoire contemporaine, de produire de véritables travaux scientifiques (comme de vastes enquêtes) réalisés, dans le cadre de leur apprentissage, par des étudiants du secondaire. Il serait alors utile de s'associer entre école autour d'un projet commun de ce type qui aboutirait à la publication d'ouvrages utiles au progrès de notre science.